Placé sur le fauteuil de président du Forum national pour la démocratie et l’unité (FNDU), à moins de 2 années du crucial rendez-vous de l’élection présidentielle de 2019, le Dr Mohamed Ould Maouloud, leader de l’Union des forces de progrès (UFP), formation issue de la mouvance de la gauche historique, va devoir réaliser de véritables travaux d’Hercule pour redonner le sourire à ceux qui souhaitent l’alternance que le pays attend depuis un certain 10 juillet 1978..
Pour rappel, le FNDU est un vaste rassemblement de l’opposition mauritanienne, composé de partis politiques, organisations de la société civile, centrales syndicales et personnalités indépendantes.
Le président de l’UFP arrive aux commandes de ce collectif sur la base d’un consensus difficilement acquis entre le pôle politique, et celui des indépendants, après une mini crise imputable à un tiraillement pour la présidence de la coalition. La mouvance non politique, qui tenait au principe de la présidence tournante, a fini par lâcher du lest, dans un contexte particulier.
Ainsi, la bataille visant à empêcher l’implosion du FNDU est gagnée, selon l’avis de nombreux observateurs. Toutefois, dans le contexte politique pré-élection présidentielle 2019, il reste encore à restaurer le crédit d’une opposition démocratique largement minée par la léthargie post-référendum du 5 août 2017, estiment de nombreux analystes.
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Pour Omar Moctar, directeur de publication du quotidien «l’Authentique», le leader de l’UFP, Mohamed Ould Maouloud «est un excellent choix dans le contexte de l’opposition et du pays, qui attend le tournant de l’élection présidentielle de 2019.
Quel que soit le scénario vers lequel devrait évoluer la Mauritanie, l’ouverture d’une nouvelle concertation entre le pouvoir et l’opposition regroupée au sein du FNDU est une étape incontournable, dans la mesure, au cas où le président Mohamed Abdel Aziz serait intéressé par restaurer la cohésion, l’unité nationale et sociale, sérieusement malmenées
Dans cette perspective, le choix de Mohamed Ould Maouloud aux commandes du collectif de l’opposition relève d’une inspiration géniale. En effet, après des années de lutte avec les Kadihines et le Mouvement national démocratique (MND), ce professeur d’université a fait ses preuves en acceptant une concertation régulière entre le régime de Maaouya Ould Sid’Ahmed Taya et sa formation, au début des années 2000.
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Une démarche qui n’a jamais fait dévier l’UFP de la ligne d’une opposition authentique et crédible.
Par ailleurs, on peut aussi rappeler que ce parti de l’opposition historique, a accepté d’intégrer un gouvernement de majorité élargie sous le régime éphémère du président Sidi Mohamed Ould Cheikh Abdallahi.
Un background qui atteste clairement de la conformité du profil de l’homme dans la perspective d’une souhaitable et même incontournable concertation avec le pouvoir avant la capitale échéance de 2019.
Moins formel que son collègue, Ahmed Ould Cheikh, directeur de publication de l’hebdomadaire «Le Calame» salue cependant «un consensus qui règle le problème de la présidence du FNDU, après une période de tension et même de déchirement au sein de l’opposition. Mais il reste l’énorme équation qui consiste à préparer les futures échéances électorales dans un pays qui n’a jamais connu d’alternance par les urnes, les candidats du pouvoir, des forces armées et de sécurité, de l’administration, ayant toujours gagné et par tous les moyens».
Résultats des courses, un régime militaire d’exception, où un officier recyclé dans la politique exerce le pouvoir, un pouvoir militaire devenu endémique dans le pays depuis 1978, avec une courte parenthèse d’un pouvoir civil de 15 mois entre 2007 et 2008.
L’immense chantier du nouveau président du FNDU devrait alors consister à porter toutes les aspirations et revendications relatives à l’Etat de droit, au rejet de toutes formes de discrimination, la consolidation de la cohésion nationale et sociale et la création des conditions d’un climat politique apaisé, propice à une véritable alternance démocratique, selon une vision largement partagée par les analystes à Nouakchott.