Un prêche enflammé délivré pendant la campagne électorale pour les législatives, régionales et locales des 1er et 15 septembre dernier, et une série d’autres faits sont à l’origine du retrait de l’agrément de l’Institut Ben Yassine dirigé par l’érudit Mohamed El Hacen Ould Dedaw, qui formait des imams et oulémas mauritaniens, mais aussi de la sous-région et du monde entier, selon la thèse servie par Mohamed Lemine ould Cheikh, porte-parole du gouvernement.
Les autorités accusent l’érudit mauritanien d’avoir appelé à un vote en faveur du Rassemblement Nationale pour la Réforme et le Développement (RNRD/Tawassoul, un parti de la mouvance islamiste). Pendant la campagne électorale, selon un responsable gouvernemental, "les choses sont devenues claires. Des Fatwas affirmant que ce parti défend les opprimés et que voter en sa faveur est par conséquent un devoir, ont été émises et publiées sur les réseaux sociaux".
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Poursuivant son réquisitoire, ce responsable gouvernemental ajoute « qu’il existe un lien anormal entre certaines institutions à vocation traditionnellement non politique, avec un parti bien connu. Les dirigeants de cette formation managent ces institutions, qui servent ainsi de bras scientifique à leur parti, alors que la chaine Mourabitoune (une télévision à capitaux privés) fait office de support médiatique».
Et ce responsable de poursuivre: "Par ailleurs, dans leur approche scientifique et méthodologique, ces institutions sont en contradiction avec la tradition des musulmans de Mauritanie «car elles consacrent, jour après jour, une démarche différente de celle qui existe dans le pays, à savoir l’école islamique chinguitienne malékite, El Achariya et El Joumeida".
Parmi les raison du retrait de l’agrément de l’Institut Ben Yassine, le gouvernement cite également ses sources de financement, qui sont étrangères.
Mais au-delà de ces différentes justifications gouvernementales, une question fondamentale persiste sur le choix du timing de cette décision. En effet, celle-ci intervient dans un contexte particulier, juste après la confirmation de Tawassoul comme première force de l’opposition, à quelques mois de la cruciale élection présidentielle de 2019.