Sur instruction du pôle anti-corruption du Parquet du tribunal de Nouakchott-Ouest, la police chargée de la répression des infractions à caractère économique et financier, vient de notifier aux banques concernées la saisie des comptes ouverts au noms de 24 entreprises privées et de 52 personnes physiques.
Cette décision intervient dans le cadre de l'enquête préliminaire relative à des indices de «corruption» sous le régime de l’ancien président, Mohamed ould Abdel Aziz, le précédent président de la Mauritanie durant deux mandat successifs, de 2008 à 2019.
Parmi les personnalités dont les comptes ont été bloqués figurent, en plus de l’ancien chef de l’Etat, de nombreuses personnalités qui figuraient parmi ses proches ainsi que d'anciens Premiers ministres et ministres, ayant servi dans différents gouvernements sous ses deux mandats.
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Par cette mesure conservatoire, «les enquêteurs vont vérifier toutes les opérations au crédit et au débit des comptes visés, dont les titulaires ont été cités dans un rapport d’enquête établi par des députés, relativement à des soupçons d’infractions telles que la corruption, le trafic d’influence, le détournement de deniers publics», explique un spécialiste.
Cette opération entre dans le cadre d’une enquête préliminaire déclenchée sur la base du rapport d’une Commission d’enquête
parlementaire (CEP), dénonçant des faits de corruption présumés sous les deux mandats de l'ex-président. Le rappprt avait été transmis à la justice, le 5 août dernier.
Ce document, qui se compose de plusieurs centaines de pages, met en évidence «des irrégularités» dans l’attribution de 109 marchés publics relatifs à l’énergie, aux infrastructures, la gestion du Fonds national de revenus des hydrocarbures (FNRH), sur l'attribution de terrains à Nouakchott, mais aussi des malversations dans la gestion de la Société Nationale Industrielle et Minière (SNIM), ainsi que dans celle d'une concession portuaire, dans un contrat de pêche et dans la liquidation d’entreprises publiques.
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L’ancien président, Mohamed ould Abdel Aziz, a déjà fait l’objet d’une mesure de garde à vue prolongée, qui aura duré une semaine, du 17 au 24 août dernier, dans le cadre de cette enquête préliminaire. Il a été libéré à l’expiration des délais prévus par la loi anti-corruption adoptée en 2016.
L’application stricte des dispositions relatives à la garde à vue illustre la volonté des autorités de ne pas donner une connotation politique à cette affaire purement judiciaire, estime un analyste.
Engagés dans ce vaste chantier d’une enquête à la fois complexe et inédite dans l'histoire de la Mauritanie, les enquêteurs de la brigade de police anti-corruption se sont, depuis quelques jours, lancés dans une épreuve aux allures de baptême de feu.