Sous la conduite du parquet anticorruption, la police chargée de la répression des infractions à caractère économique, qui mène depuis six mois une enquête préliminaire visant l’ancien chef de l’Etat mauritanien, Mohamed ould Abdel Aziz (durant deux mandats successifs, de 2008 à 2019) a convoqué celui-ci pour une nouvelle audition.
Lors de cette nouvelle audition, et comme pour les précédentes, l'ex-président mauritanien a préféré garder le silence, "sans esprit de défiance vis-à-vis de la justice", explique son avocat.
Taleb Khiyar ould Mohamed Maouloud entend en premier lieu lever un quiproquo, un malentendu, selon cet homme de loi, delon lequel son client refuse de répondre aux questions des enquêteurs. L'avocat précise que Mohamed ould Abdel Aziz "n’est pas dans une posture de défiance".
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Mohamed ould Abdel Aziz a simplement décidé de garder le silence, exerçant ainsi un droit qui lui est reconnu par les lois de la République Islamique de Mauritanie, dont l’article 93 de la constitution, à travers lequel est posé le principe de "l’immunité totale" et un "privilège de juridiction".
Son avocat déplore le traitement réservé à ce dossier, enclenché, selon lui, "sur des bases politiques et de règlements de comptes", entraînant les "lenteurs de l’enquête préliminaire".
Taleb Khiyar ould Mohamed Maouloud critique, de plus, cette démarche, dont il estime qu'elle est "contraire à la loi", notamment le fait "d’engager une procédure contre un ancien président de la République, sur la base d’un rapport établi par des députés", dont la compétence, précise-t-il, porte sur "le contrôle de l’action gouvernementale", et non sur des "actes posés par le président de la République, première institution et premier magistrat du pays", en tant que président du Conseil supérieur de la magistrature (CSM).
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L'avocat de Mohalmed ould Abdel Aziz dénonce aussi des convocations "intempestives, en violation de toutes les règles de procédure" et met en évidence une situation à travers laquelle son client "subit des voies de faits" et non des mesures justifiées par le droit, et ce, depuis plusieurs mois.
Il rappelle que Mohamed ould Abdel Aziz bénéficie d’un "privilège de juridiction" et ne peut, à cet égard, qu'être poursuivi que devant la Haute cour de justice (HCJ), pour un seul crime qui pourrait lui être reproché par l'Etat mauritanien: celui de "haute trahison".