Le parquet anti-corruption de Mauritanie a entamé ce mardi 9 mars 2021, l’audition de l’ancien président, Mohamed Abdel Aziz (2008/2019), de plusieurs membres de son gouvernement et de l’entourage familial, déférés devant la justice pour l’attribution irrégulière de plusieurs marchés publics dont le cumul est estimé à 1,14 milliard de dollars.
Cette affaire est partie du rapport d’une Commission d’enquête parlementaire (CEP) de 800 pages. C'est à partir de ce rapport que les limiers de la police, chargée de la répression des infractions à caractère économique et financier, ont mené des investigations pendant plusieurs mois, interrogeant plus de 300 personnes.
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A ce stade de la procédure, "le parquet anti-corruption dispose de plusieurs options prévues par le Code de procédure pénal (CPP): requérir auprès des juges d’instruction l’ouverture d’une information avec un placement en détention préventive, ou liberté sous contrôle judiciaire, mais aussi classer l’affaire sans suite, s’il estime qu’il n'y a pas lieu de poursuivre les personnes déférées devant lui", explique un avocat bien au fait du dossier.
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Les faits pour lesquels Mohamed ould Abdel Aziz et ses compagnons sont déférés devant le parquet anti-corruption portent sur l’attribution de 109 marchés publics afférents à l’énergie, aux infrastructures, à la gestion du Fonds national de revenus des hydrocarbures (FNRH), à la gestion de la Société nationale industrielle et minière (SNIM), à l’attribution d’une concession au port de Nouakchott, à la gestion du foncier à Nouakchott, ou encore à la construction du nouvel aéroport de la capitale,...
Cette procédure est contestée par le collectif des avocats de la défense de l’ancien chef de l’Etat, qui l’assimile "à un règlement de comptes de nature politique" estimant que Mohamed ould Abdel Aziz "ne peut faire l’objet de poursuites que pour le crime de haute trahison et devant la Haute cour de justice (HCJ), conformément aux articles 92 et 93 de la Constitution".
C’est la première fois dans l’histoire qu’un président de la République fait l’objet d’une enquête pour des soupçons de prévarication. Cette évolution intervient alors que l’opinion mauritanienne est agitée par de multiples interrogations liées à des craintes "d’enlisement" de l’affaire.