"Le juge d'instruction a signifié à M. Aziz les conditions de sa mise sous contrôle judiciaire: se présenter trois fois par semaine à la police et s'abstenir de quitter la capitale sans autorisation de sa part", a déclaré une source judiciaire s'exprimant sous le couvert de l'anonymat.
Confirmant ces mesures, l'un des avocats de l'ex-président, Taleb Khyar Ould Mohamed Mouloud, s'est insurgé contre "cette procédure judiciaire nulle et non avenue, contraire à la Constitution et qui menace l'avenir de la démocratie et de la paix sociale".
L'ex-président Aziz a été accueilli à son domicile jeudi soir par plusieurs dizaines de ses partisans réclamant justice, a constaté un correspondant de l'AFP.
La justice mauritanienne est saisie depuis 2020 du rapport d'une commission d'enquête parlementaire chargée de faire la lumière sur des faits présumés de corruption et de détournement de fonds publics pendant les années de pouvoir de Ould Abdel Aziz.
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La commission s'est penchée notamment sur la gestion des revenus pétroliers, la vente de domaines de l'Etat, la liquidation d'une société publique assurant l'approvisionnement en denrées alimentaires ou les activités d'une société chinoise de pêche.
La procédure s'est accélérée avec la convocation en début de semaine d'une kyrielle de personnalités dans les locaux de la police, dont l'ancien chef de l'Etat.
Un juge d'instruction a ensuite inculpé et placé sous contrôle judiciaire jeudi Ould Abdel Aziz, ainsi qu'un de ses gendres, deux anciens Premiers ministres et plusieurs anciens ministres et hommes d'affaires.
Après plus de dix ans au pouvoir entre 2008 et 2019, cette inculpation représente une nouvelle étape de la chute de ould Abdel Aziz sous son successeur Mohamed Ould Cheikh El Ghazouani, dont il avait pourtant préparé l'accession à la présidence. L'ancien président crie au "règlement de comptes". Son successeur a constamment invoqué l'indépendance de la justice.
L'enquête financière menée parallèlement à celle de la police a permis d'identifier et de geler ou saisir des sociétés, des immeubles et appartements, des parcs de véhicules, des sommes d'argent, rien qu'en Mauritanie, dit le parquet. Ces biens sont évalués à l'équivalent de 96 millions d'euros.