Vidéo. Mauritanie: l'ex-président Aziz dénonce une cabale menée par le régime

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Le 29/04/2021 à 13h35, mis à jour le 29/04/2021 à 13h36

VidéoAprès sa sortie sur les colonnes de Jeune Afrique, l'ex-président Mohamed ould Abdel Aziz, placé sous contrôle judiciaire dans le cadre du dossier de corruption et de dilapidation de deniers, poursuit sa campagne médiatique. Face aux médias, il tire à nouveau sur le régime actuel.

Mohamed ould Abdel Aziz, ancien chef de l’Etat mauritanien (2008/2019) était face à la presse mercredi soir. Une sortie médiatique au cours de laquelle il a dénoncé le traitement indigne dont il est victime, l’avènement «d’une dictature» reposant sur une alliance entre le nouveau pouvoir et la mouvance qui constituait l’opposition pendant son magistère.

L’ex-président de Mauritanie entame son propos par des révélations sur la gouvernance Ghazouani, chiffres à l’appui: «une hausse du traitement mensuel des députés de 480.000 ouguiyas, en l’espace d’une année et 4 mois. Plus de 160% de hausse du budget de la présidence, dans un contexte sanitaire caractérisé par la fin des déplacements, avec des activités se faisant uniquement à travers les vidéos conférences, en plus d’une réduction du personnel. Cet argent sert en réalité à financer une campagne contre ma personne, menée à l’aide d’un amalgame entre partis politiques, députés, opposition, presse... Une cabale dont l’unique objectif est de nuire à ma personne à travers une stratégie de règlement de comptes et de déstabilisation».

Sur un autre régistre, l'ancien président a pointé du doigt la volonté des autorités à nuire à son avenir politique. «A chaque fois que j’intègre un parti politique, celui-ci est systématiquement victime d’un harcèlement dictatorial pire que celui connu sous les régimes communistes d’une certaine époque. Une puissante campagne sans fondement sur le plan juridique, à laquelle participe également la presse internationale».

Dans le même temps, ould Abdel Aziz révèle être privé de la pension de retraite d’ancien président de la République depuis le 1er août 2019, date d’investiture de son successeur, Mohamed Cheikh El Ghazouani.

Déterminé «à faire de la politique et à s’imposer sur la scène», l’ancien président soutient que son dossier n’est pas devant la justice, mais fait l’objet d’un traitement politique au niveau du parquet, après la police.

Une procédure reposant sur «des mensonges» avec l’objectif de justifier tous les actes d’intimidation dont il est l’objet et ternir «sa décennie de gouvernance».

Evoquant la mort tragique du président Idriss Déby, sur le théâtre des opérations dans la guerre face au Front pour l’alternance et la concorde au Tchad (FACT), l’ancien chef de l’Etat mauritanien «présente ses condoléance au peuple et au gouvernement tchadien».

Il rend un hommage appuyé à un leader «avec lequel nous avons travaillé en symbiose à la sécurisation et la stabilisation du Sahel pendant une décennie, et dont la disparition aura des conséquences sur le Tchad, le Sahel, mais aussi au Nigeria et au Cameroun».

Toutefois, malgré sa colère actuelle, ould Abdel Aziz est dans de bonnes dispositions politiques. «Soucieux du sort du peuple mauritanien, il est prêt à prendre part à un Dialogue national inclusif, dans un contexte de crise profonde, avec l’objectif de trouver des solutions aux nombreux problèmes qui accablent le peuple». Il rappelle avoir toujours prôné le dialogue pendant son règne.

Enfin, rappelons que sur la base d’un rapport établi par une Commission d’enquête parlementaire (CEP), transmis à la justice, Mohamed ould Abdel Aziz et 12 autres anciens hauts responsables et proches familiaux sont poursuivis pour «corruption, blanchiment, dilapidation de deniers publics, entrave au fonctionnement de la justice…». Il sont tous placés sous contrôle judiciaire depuis le 12 mars dernier.

Par Amadou Seck (Nouakchott, correspondance)
Le 29/04/2021 à 13h35, mis à jour le 29/04/2021 à 13h36