Un expert de l’ONU critique les inégalités sociales et raciales en Mauritanie

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Le 12/05/2016 à 11h43

Philippe Alston, rapporteur spécial des Nations-Unies sur l’extrême pauvreté et les droits de l’Homme, a été très critique envers le gouvernement mauritanien. Il a mis l’accent sur la pauvreté et l’exclusion sociale de certaines couches de la population.

C’est une visite très attendu et surtout redoutée par les autorités mauritaniennes que vient de terminer Philippe Alston, rapporteur spécial des Nations Unies sur l’Extrême pauvreté et les droits de l’Homme.Après 10 jours d’entretiens avec les autorités gouvernementales, divers acteurs de la société civile et de visites de terrain au niveau des trois régions de la vallée du fleuve Sénégal –Trarza, Brakna et Gorgol-, au sud du pays, le bilan présenté par Alston est loin d’être reluisant pour les autorités mauritaniennes.Selon le rapporteur, qui s’exprimait ce mercredi au terme de son séjour, «la stabilité de la Mauritanie dans une région volatile risquerait d’être compromise à moins que les bénéfices de la croissance ne soient plus équitablement répartis».Si le rapporteur note d’importantes réalisations au cours de ces dernières années, en particulier dans les zones urbaines, il n’en demeure pas moins, explique t-il, que «44% de la population rurale continuent à vivre dans une pauvreté écrasante dans des régions comme le Gorgol, le Brakna et le Trarza», alors que la Mauritanie est un pays «riche en ressources naturelles» et bénéficie «d’un niveau élevé d’aide internationale pour le développement».Suite aux visites effectuées dans la vallée du fleuve Sénégal, le rapporteur a également fait un constat alarmant sur la situation socio-raciale en Mauritanie. «Les Haratines et les négros africains sont systématiquement absents de toutes les positions de pouvoir réel et continuellement exclus de nombreux aspects de la vie économique et sociale. Ces groupes représentent plus des 2/3 de la population, mais diverses politiques servent à rendre leurs besoins et leurs droits invisibles», a martelé Philippe Alston.Enfin, dans le même sillage, l’expert onusien est revenu sur le problème épineux de l’accaparement des terres dans la vallée du fleuve Sénégal. Un phénomène qui fait l’objet de dénonciations récurrentes de la part des communautés villageoises et des ONG et qui vaut l’emprisonnement des leaders de l’IRA -l'Initiative pour la résurgence du mouvement abolitionniste.

Par Cheikh Sidya (Nouakchott, correspondance)
Le 12/05/2016 à 11h43