Le gouvernement mauritanien nie avoir «vendu» Senoussi aux libyens

Sénoussi, l'ex-chef tout puissant des services spéciaux de Kadhafi.

Sénoussi, l'ex-chef tout puissant des services spéciaux de Kadhafi. . DR

Le 15/07/2016 à 12h45, mis à jour le 15/07/2016 à 12h53

Le gouvernement mauritanien n’a pas perçu le moindre dollar sur l’opération d’extradition d’Abdallah Senoussi, ancien tout puissant chef des Services spéciaux libyens sous le règne de Mouammar Kadhafi. Certains parlent pourtant d’un chèque de 200 millions de dollars en contrepartie.

Les allégations de l’ex-premier ministre libyen de la période de transition, selon lesquelles son pays aurait délié les cordons de la bourse à hauteur de 200 millions de dollars, pour obtenir l’extradition de l’ancien patron des Services Spéciaux sous le règne Kadhafi, suscitent encore des vagues en Mauritanie. Certains partisans de l’opposition continuent à surfer sur cette vague. Plusieurs voix ont soutenu que l’ex-patron des renseignements libyens a été livré aux nouvelles autorités de son pays contre «une forte rançon».Ainsi, il y a quelques mois, Salah Ould Hanana, président du parti «Hatem» de l’opposition, s’appuyant sur la thèse d’un parlementaire libyen au sujet de l’existence «d’un deal» dans le cadre de l’opération d’extradition, exigeait l’ouverture d’une enquête pour faire toute la lumière sur cette affaire.Dans le même registre, le ministre des Affaires étrangères et de la coopération, Isselkou Ould Ahmed Izid Bih, a été interpellé par le sénateur de Nouakchott, Mohamed Ould Ghadda, sur la question. Il a répondu naturellement en soulignant que toutes les allégations accusant le pouvoir d’avoir remis Abdallah Senoussi en contrepartie d’un gros chèque «véhiculent des mensonges basés sur des rumeurs malveillantes».Il a aussi expliqué que dans le cadre de cette opération, «les autorités compétentes mauritaniennes ont consulté le Haut conseil de la fatwa et des recours gracieux (HFRG), qui a donné un avis suivant lequel cet ancien responsable des services spéciaux devait être remis à l’autorité légale de son pays, et non à la France qui le réclamait pour son implication présumée dans l’attentat contre le DC d’UTA en septembre 1989».Au même moment, la Cour pénale internationale (CPI) sollicitait également Nouakchott pour que M. Senoussi soit déféré devant sa juridiction.Le responsable gouvernemental mauritanien rappelle par ailleurs que le chef de l’exécutif libyen à l’époque, Abderrahim El Keb, avait formellement démenti «ces allégations».Abdallah Senoussi a été arrêté à l’aéroport de Nouakchott au mois de mars 2012 en provenance du Maroc avec un passeport malien alors qu’il était en transit. Il a été par la suite extradé vers la Libye après plusieurs semaines d’une féroce bataille politico-judiciaire.

Par Cheikh Sidya (Nouakchott, correspondance)
Le 15/07/2016 à 12h45, mis à jour le 15/07/2016 à 12h53