Mauritanie-Sénégal: les éleveurs transhumants mauritaniens priés de rapatrier leur cheptel

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Le 15/07/2016 à 18h36

Les éleveurs mauritaniens sont priés par les autorités sénégalaises de rapatrier leur bétail en transhumance au Sénégal. Quelque 500.000 têtes de bétail sont concernées. Si certains essayent de créer une polémique sur cette décision, le président mauritanien donne raison au Sénégal.

La semaine dernière, selon des informations concordantes, l’ambassadeur mauritanien au Sénégal, Cheikhna Ould Nenni, aurait reçu des autorités sénégalaises une notification l’enjoignant à informer les éleveurs mauritaniens en transhumance au Sénégal de rentrer chez eux. Cette mesure des autorités sénégalaise est motivée par les conséquences de la surconsommation du cheptel mauritanien sur le couvert végétal et les problèmes d’accès à l’eau».Et suite à cette notification, plusieurs éleveurs mauritaniens ont pris d’assaut le poste frontalier du barrage de «Diama», une localité située à 25 km de Saint-Louis, pour assurer la traversée de leur cheptel en direction de la Mauritanie.Selon les estimations, le cheptel mauritanien au Sénégal est aux environs de 500.000 têtes de bétail dont 300.000 camelins et environ 200.000 caprins.A première vue, l’information a surpris certains lilieux mauritaniens qui n’ont pas compris la décision sénégalaise et le deadline de 48 heures donné aux éleveurs pour rapatrier leur cheptel. Interrogé sur la question, le président mauritanien qui lançait la campagne agricole 2016/2017 au sud de la Mauritanie a souligné que «la décision des autorités sénégalaises de retirer l’autorisation de la transhumance au cheptel mauritanien relève de la souveraineté d’un Etat, conformément à ses intérêts», regrettant tout de même l’absence de concertation sur la question entre les deux pays.Interpellé sur le même sujet, le ministre de la Culture et de l’artisanat, porte parole du gouvernement, Mohamed Lemine Ould Cheikh, a rappelé que «les relations séculaires de bon voisinage entre la Mauritanie et le Sénégal sont plus importantes que les questions conjoncturelles liées à la transhumance du bétail».En effet, sur la base d’un accord entre les gouvernements des deux pays, régulièrement reconduit, plusieurs centaines de milliers de têtes du cheptel mauritanien (chameaux, vaches, moutons, chèvres, etc.) se retrouvent chaque année en transhumance au Sénégal à la recherche du pâturage plus vert et plus abondant, notamment durant la période de soudure.Seulement, cette opération obéît à des règles précises fixées dans ce cadre de la coopération entre les deux pays, comme c’est le cas également pour la pêche, activité pour laquelle la Mauritanie octroie des licences de pêche traditionnelle aux pêcheurs sénégalais de Saint-Louis dans les eaux mauritaniennes.L’objectif est d’éviter qu’un déferlement du cheptel mauritanien sur le couvert végétal de la région de Ferlo, une région d’élevage extensif du centre nord du Sénégal, ne cause une détérioration irrémédiable du couvert végétal. Ainsi, outre le nombre de têtes de bétail autorisé, cette transhumance est autorisée sur une période bien déterminée chaque année.Ainsi, chaque année, on note une importante mobilité transfrontalière en provenance de la Mauritanie sur de vastes étendues au Sénégal. Un mouvement qui a un impact écologique et qui suscite souvent des heurts entre pasteurs transhumants et secondaires, d’une part, et entre transhumants et agriculteurs, d’autre part.

Par Cheikh Sidya (Nouakchott, correspondance)
Le 15/07/2016 à 18h36