L’ire présidentielle expliquerait ainsi une réunion hebdomadaire du Conseil des ministres du jeudi 28 juillet de très courte durée, avec un chef de l’Etat affichant le «masque» des mauvais jours, rapportent plusieurs sources concordantes.
L’importante quantité d’engrais et pesticides, d’une valeur globale estimée plus de 1,2 milliards d’ouguiyas, soit 3,5 millions de dollars, était stockée dans les magasins de la SONIMEX à Rosso (200 kilomètres au Sud de Nouakchott), la place forte de la filière agricole en Mauritanie.
Traditionnellement, c’est à partir de cette région que les autorités de Nouakchott lancent la campagne agricole, à l’image de la cérémonie organisée le 13 juillet dernier en présence du président Mohamed Ould Abdel Aziz.
Et c’est là que le gouvernement, par la voix de la ministre de l’Agriculture, Mme Lemina Mint Khotob Ould Moma, donnait des assurances aux paysans par rapport à la disponibilité en abondance des engrais et pesticides, pour assurer une bonne campagne agricole 2016/2017.
Des propos tenus en présence du premier citoyen de la République, qui ont été démentis par le constat de magasins désespérément vides, et la disparition, depuis plusieurs semaines, du responsable régional de la SONIMEX à Rosso, Ely Salem Ould Abdallahi.
La suite est une enquête préliminaire ouverte par la police judiciaire chargée de la répression des infractions à caractère économique. Une procédure au cours de laquelle plusieurs hauts responsables de l’entreprise publique ont été entendus (à titre de témoins -du moins pour le moment).
Cependant, les ramifications de l’histoire pourraient encore monter «plus haut», fragiliser et même troubler les vacances de quelques membres du gouvernement, qui ont débuté ce lundi. Cela au moment où les salons des quartiers résidentiels de la capitale mauritanienne sont envahis par des rumeurs de remaniement.
Sur le mode opératoire de la nébuleuse de la SONIMEX, quelques éléments basiques permettent de constater que le gouvernement subventionne la tonne d’engrais et la cède au prix officiel de 130.000 ouguiyas.
Mais cet intrant agricole, présumé avoir été soustrait des dépôts de la SONIMEX, est vendu à 200.000 ouguiyas la tonne sur le marché, selon les témoignages de plusieurs opérateurs de la filière agricole.
Reste à savoir le bénéficiaire de l’énorme surfacturation ? Aux limiers et juges d'apporer la réponse.
