Ces militants antiesclavagistes sont des cadres de l’Initiative de résurgence du mouvement abolitionniste (IRA), arrêtés par vagues successives à la suite d’une opération de déguerpissement d’un bidonville qui a tourné à l'affrontement entre les squatters d’une vaste zone située dans un quartier résidentiel de Nouakchott et la police, le 28 juin dernier.
Cette opération, qui a été entreprise 3 semaines avant la tenue à Nouakchott du 27e sommet arabe, s’est soldée par plusieurs blessés parmi lesquels des agents des forces de l’ordre, selon la version officielle.
Les militants de l’IRA et une trentaine de squatters ont été arrêtés et placés en détention provisoire suivant la procédure du flagrant délit pour «rassemblement armé et non autorisé, création et administration d’une organisation illégale, violence et voies de faits sur agents de la force publique...».
Leur procès devant un tribunal des flagrants délits de Nouakchott est prévu pour le mercredi 3 août.
Amnesty International et les ONG signataires de la déclaration du lundi soir estiment que les militants de l’IRA «sont des détenus d’opinion, accusés et incarcérés à tort en vue d’entraver leur travail légitime.
Régulièrement pris pour cibles en raison de leurs opinions, ils doivent être libérés immédiatement et sans condition», selon Fatou Kiné Diop, responsable au sein d’Amnesty international Afrique de l’Ouest. Elle poursuit en soulignant que «cette persécution de longue date n’a aucun fondement légal. Les autorités mauritaniennes doivent mettre fin aux actes d’intimidation et au règne de la peur».
Par ailleurs, les ONG déplorent le fait que ces détenus soient privés du droit de communiquer avec leurs familles et leurs avocats.
L’Initiative de résurgence du mouvement abolitionniste (IRA), dirigée par Biram Ould Dah ould Abeid, prix des Nations Unies (ONU) pour les droits de l’Homme en 2013, absent du pays au moment des faits, est l’ONG antiesclavagiste la plus active de Mauritanie.
Tout en légiférant contre «les séquelles» de l’esclavage, phénomène, dont une feuille de route gouvernementale en 29 points visant l’éradication de cette pratique a été adoptée au mois de mars 2015, les autorités arrêtent régulièrement les militants antiesclavagistes à l’image du leader de l’IRA, plusieurs fois incarcéré pour différents «délits».