Le procès de treize cadres et militants de l’Initiative de résurgence du mouvement abolitionniste (IRA, ONG anti-esclavagiste mauritanienne), entamé depuis le 1er juillet dernier en Mauritanie, est dans l’impasse. A l’origine du blocage, la décision de retrait du collectif des avocats de la défense.
Pour rappel, les militants anti-esclavagistes ont été arrêtés par vagues successives à la suite d’une opération de déguerpissement visant des squatters issus de la frange des Haratines (ex-esclaves) qui occupaient une vaste zone dans la commune du Ksar (prés de l’hôpital ophtalmologique Bouamatou), à Nouakchott, survenue le 28 juin dernier. L’expulsion avait tourné en affrontements entre squatters et forces de l’ordre, avec un bilan de plusieurs blessés des deux côtés.
A la suite de cette opération, des militants de l’IRA ont été arrêtés avant d’être poursuivis suivant la procédure du flagrant délit pour «violences et voies de fait sur agents de la force publique et appartenance à une organisation non reconnue».
La défense réfute la thèse du flagrant et signale que les arrestations ont été opérées à domicile, ou sur le lieu de travail pour tous ces individus, qui sont détenus à titre préventif.
Le retrait de maître Brahim Ould Ebetty et ses camarades de la défense est intervenu à la suite d’une décision du tribunal correctionnel ,déclarant «son incompétence» à statuer sur une plainte contre des éléments de la police accusés d’avoir perpétré des actes de tortures sur les militants de l’IRA au cours de l’enquête préliminaire.
La défense estime que la déclaration d’incompétence du tribunal correctionnel constitue une violation des dispositions d’une loi adoptée récemment en Mauritanie.
Le texte cité en référence intègre dans la législation pénale nationale la pratique de la torture comme «crime contre l’humanité».
La nouvelle loi oblige les juridictions nationales à se prononcer immédiatement sur toute plainte de cette nature et à invalider tous les moyens de preuve tirés de l’usage de la torture, fait remarquer le collectif des avocats de la défense.
Le retrait des avocats s’est fait en accord avec la volonté des détenus qui refuseraient la désignation d’office d’autres conseils pour les assister pour la suite du procès.