L’Union européenne, par l’entremise de la Délégation et des chefs de missions européennes en Mauritanie, vient de réagir à la condamnation des 13 militants de l’Initiative de résurgence du mouvement abolitionniste (IRA) via un communiqué rendu public ce mercredi 24 août.
«Nous sommes préoccupés par des allégations crédibles et graves de violations des procédures judiciaires, aussi bien dans le cadre de la législation mauritanienne que de la convention internationale contre la torture, à laquelle la Mauritanie a adhéré. Nous demandons aux autorités une enquête urgente approfondie sur ces questions, y compris les allégations de tortures», lit-on dans la déclaration
Par ailleurs, la représentation européenne ne compte pas s’arrêter là. Elle estime que l’existence «d’une justice équitable est indispensable à l’Etat de droit et au maintien de la paix sociale». Partant, le collectif des missions diplomatiques européennes en Mauritanie annonce sa volonté de continuer à suivre de prés ce dossier «y compris ses aspects judiciaires», avant de rappeler l’attachement de l’UE au respect des droits de l’homme en général, aux droits d’association et de manifestation pacifique et à la liberté d’expression.
A noter que la Mauritanie a intégré la torture comme crime contre l’humanité dans sa législation pénale interne il y a quelques mois.
Pour rappel, 13 responsables et militants de l’Initiative de résurgence du mouvement abolitionniste (IRA), ONG antiesclavagiste, et une dizaine de squatters d’un quartier de Nouakchott ont été condamnés la semaine dernière à des peines allant de 3 à 15 ans de réclusion par une cour criminelle de Nouakchott. Au cours du procès, les militants antiesclavagistes ont dénoncé des actes de tortures et d’extorsion d’aveux.
Toutefois, la chambre criminelle de Nouakchott s’était déclarée incompétente face aux allégations de tortures des militants de l’IRA.
Du coup, et devant le refus de la Chambre de débattre sur cette question et sur celle du «flagrant délit» de l’accusation pour des personnes qui ont été appréhendées chez elles et dans leur lieu de travail le lendemain des affrontements entre les forces de l’ordre et les squatteurs d’un terrain, le mouvement abolitionniste avait demandé à ses avocats de se retirer du procès.
Après le verdict, le collectif des avocats de la défense a dénoncé un procès politique dont l’objectif est d’étouffer la voix du combat contre les pratiques esclavagistes et annoncé un recours devant la Chambre criminelle de la cour d’appel.