Le verdict rendu jeudi 18 août courant par la Cour criminelle de Nouakchott, condamnant 13 membres de l’IRA à des peines lourdes allant de 3 à 15 ans de réclusion continue à susciter une vague d’indignation et un concert de protestations au sein des gouvernements occidentaux, des organisations internationales et des ONG, en plus des condamnations unanimes émanant des partis de l'opposition et ONG locaux.
Ces militants anti-esclavagistes sont reconnus coupables «de rébellion, violence et voies de fait sur éléments de la force publique» avec le qualificatif de «flagrants délits» alors qu’aucun d’eux n’était présent sur les lieux des affrontements qui ont eu lieu lors d’une opération de déguerpissement de 400 familles Haratine d’un bidonville et au cours desquels de nombreux blessés ont été enregistrés aussi bien du côté des forces de l’ordre que des occupants du squat situé dans la commune du Ksar à Nouakchott.
Ainsi, le gouvernement américain a exprimé «sa consternation face à des cas de tortures, des atteintes aux libertés fondamentales et appelle à une enquête immédiate et complémentaire pour élucider des allégations crédibles de tortures, la publication des résultats de celle-ci et des poursuites à l’encontre des présumés responsables de ces actes».
Réaction similaire de l’Union européenne (UE), premier partenaire économique de la Mauritanie et son principal bailleur d’aide publique au développement (APD), qui demande «l’ouverture urgente d’une enquête approfondie sur des allégations de tortures».
Pour rappel, au cours du procès, les militants de l’IRA ont dénoncé plusieurs cas de tortures. Toutefois, la Cour criminelle s’est déclarée «incompétente» à statuer sur la plainte du collectif des avocats de la défense, malgré la ratification par la Mauritanie de la Convention internationale contre la torture en 2012, et l’adoption d’un mécanisme de lutte contre ce fléau au début de l’année 2016.
Pour sa part, Mme Cécile Pully, porte parole du Haut commissariat des Nations Unies aux droits de l’Homme (HCNDH), a déclaré: «Nous sommes profondément perturbés par les allégations selon lesquelles les procès verbaux d’enquête préliminaire ont été entachés d’irrégularités et que certains de ceux qui ont été déclarés coupables n’étaient même pas présents sur les lieux de la manifestation».
Quant à l’ONG Amnesty internationale (AI), elle est encore plus formelle. «Aucun des militants anti-esclavagistes condamnés n’a organisé, ni participé à la manifestation du 29 juin dernier».
Enfin, le Réseau ouest-africain des défenseurs des droits humains dénonce «un traitement cruel» décrit avec force détails pendant le procès.