Mauritanie-Tabaski: les dépenses, un casse-tête du père de famille

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Le 04/09/2016 à 10h19, mis à jour le 04/09/2016 à 17h42

La grande fête musulmane de Tabaski (aïd el adha) sera célébrée le 12 septembre 2016 en Mauritanie. Le mouton et les habits neufs sont incontournables. Les prix sont toutefois élevés pour nombre de pères de famille qui n’oublient pas que la rentrée scolaire pointe aussi son nez.

Ce sont deux échéances majeures en matière de dépenses qui attendent les pères de famille : la tabaski, ou aïd al-kebir et la rentrée scolaire. Deux rendez-vous marqués par de grosses dépenses, surtout pour les familles souvent nombreuses.

La situation s’annonce d’autant plus corsée que le contexte économique et social actuel est plutôt morose et l’inflation a réduit considérablement le pouvoir d’achat, déjà très faible, des travailleurs. Car beaucoup de salariés tirent le diable par la queue avec un Smig de 35.000 ouguiyas, soit prés de 100 dollars, faisant office de revenu minimum dans le privé comme le public.

C’est dire que cette période constitue un véritable casse-tête pour les pères de famille, mais aussi des femmes chefs de famille, de plus en plus nombreuses.

Un mouton trop cher

Et pour avoir une idée nette des dépenses qui attendent les ménages, un détour au foirail dans la banlieue de Nouakchott donne une idée sur les prix des moutons.

Le premier vendeur approché propose le mouton le moins cher à 40.000 ouguiyas, soit près de 110 dollars. Ainsi, pour avoir droit à ses meilleurs moutons, il faut casser la tirelire en déboursant de 70.000 ouguiyas à 80.000 ouguiyas, soit environ 230 dollars.

Cette tendance est confirmée par d’autres vendeurs de moutons qui ont presque tous fait venir le bétail des régions orientales du pays, véritable vivier pour les activités agropastorales.

Pour justifier le coût trop élevé du mouton, ces différents opérateurs renvoient aux frais de transport des animaux sur plus d’un millier de kilomètres et l’obligation de s’acquitter d’une série de taxes pour accéder au marché du mouton. En plus, le paradoxe entre une offre abondante et des prix élevés s’explique aussi par la volonté d’un certain nombre d’éleveurs mauritaniens d’écouler leur bétail au Sénégal où le déficit est estimé à 350.000 têtes et où les prix sont largement supérieurs à ceux pratiqués en Mauritanie.

L'habillement plus coûteux encore

Face à l’envolée des prix du mouton à Nouakchott, la parade est trouvée par de nombreux pères de famille qui, moyennant 35.000 ouguiyas, transport compris, se font livrer un mouton de leur village. Les économies réalisées, comparativement au prix pratiqués à Nouakchott, permettent de faire face à une partie aux frais des habits de la fête. Car faut-il le rappeler, en Mauritanie, au Mali comme au Sénégal, la pratique est la même. Beaucoup préfèrent acheter un tissu et le faire confectionner par un artisan tailleur. Par conséquent, cela revient un peu plus cher, surtout s’il faut un habit pour chaque membre de la famille. Du coup, les dépenses dépassent deux à trois fois celui du prix du mouton.

Conséquence, la fête de tabaski épuise les maigres réserves financières destinées au paiement des frais d’inscription des enfants et à l’achat de fournitures scolaires. Reste que pour bon nombre de père de famille, il faut d’abord satisfaire madame et les enfants avec un mouton gras et des habits neufs, et «laisser le reste entre les mains de Dieu».

Par Cheikh Sidya (Nouakchott, correspondance)
Le 04/09/2016 à 10h19, mis à jour le 04/09/2016 à 17h42