Mauritanie: "20% de la population victimes de l’esclavage", selon Biram ould Abied

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Le 16/12/2016 à 14h01, mis à jour le 16/12/2016 à 14h09

«20% des Mauritaniens sont encore victimes d’esclavage domestique» en ce 21e siècle, affirme le leader de l’Initiative de Résurgence du Mouvement Abolitionniste (IRA), Biram Ould Dah Ould Abeid.

Biram Ould Dah Ould Abeid était mardi dernier, l'invité de la Radio Télévision Belge de la Communauté Francophone (RTBF) dans le cadre de l’émission «Face à l’info». Le prix des Nations unies (ONU) pour les droits de l’Homme en 2013, et candidat malheureux (classé deuxième) à l’élection présidentielle mauritanienne du 21 juin 2014, a en a profité pour cogner une nouvelle fois sur les autorités de Nouakchott.

«Le Programme des Nations unies pour le Développement et l’Union Européenne (UE) ont proposé une enveloppe financière pour une enquête indépendante sur l’esclavage en Mauritanie, mais le gouvernement s’est rétracté. Il a peur que cette enquête indépendante révèle au monde l’ampleur du phénomène qui sévit à la fois dans les villes et au niveau du monde rural».

Dans la lancée, le leader de l’IRA ajoute «mais notre organisation, bien qu’elle ne soit pas reconnue officiellement et qu'elle soit même pourchassée, a tenté un recensement sous forme de recoupements.

Celui-ci nous a permis de découvrir que 20% de la population sont des esclaves domestiques qui travaillent, sans repos, sans salaires, sans soins, subissent des viols, sont susceptibles d’être loués, gagés et vendus».

Le leader antiesclavagiste signale au passage que «les autorités mauritanienne nient ces statistiques».

La question de l’esclavage en Mauritanie, pratique séculaire qui a historiquement existé dans toutes les composantes nationales, reste au centre d’une vive polémique. Les autorités admettent la subsistance de «séquelles» d’un phénomène qui a été plusieurs fois aboli et criminalisé ces dernières années.

En mars 2015, le gouvernement a également adopté une feuille de route en 29 points, visant son élimination.

Du côté des associations de défense des droits humains, on dénonce une pratique «couverte par l’impunité et des complicités à plusieurs niveau de la société, de l’administration et de la justice ».

Ces deux thèses animent une véritable bataille sémantique depuis quelques années.

A cet «affrontement» interne, on peut ajouter un document plus neutre. Il s’agit de la publication par l’ONG «Walk Free» d’une compilation intitulée «Global Slavery Index» affirmant que «4% de la population mauritanienne est encore réduite à l’esclavage».

Un chiffre largement suffisant pour que Biram Ould Dah Ould Abeid, plusieurs fois emprisonné, mène «une guerre» contre les autorités de Nouakchott dans le cadre d’une tournée engagée depuis plusieurs mois en Afrique et en Europe.

Par Cheikh Sidya (Nouakchott, correspondance)
Le 16/12/2016 à 14h01, mis à jour le 16/12/2016 à 14h09