35,2% des filles mauritaniennes sont mariées avant l’âge de 18 ans. C'est ce qu'indique l’Enquête par grappes à indicateurs multiples (MICS), dans la partie consacrée à la protection des enfants. Cette enquête entre dans le cadre d’un programme international mené auprès des ménages par le Fonds mondial pour l’enfance (UNICEF).
Les résultats de ce travail ont fait l’objet d’une journée de restitution organisée jeudi 26 janvier dans les locaux de la Chambre de Commerce, d’Industrie et d’Agriculture de Mauritanie(CCIAM), en présence de plusieurs hauts responsables nationaux et du représentant de l’UNICEFen Mauritanie, Mr Souleymane Diabaté.
Mauritanie: le gavage des jeunes filles, une pratique qui a vécu
Cette moyenne nationale des filles mariées à un âge très jeunes cache d’énormes disparités. Ainsi, elle monte «à 41,7% en milieu rural, et même à 54,8% dans la région du Guidimakha (située au sud-est du pays)». Par contre «en milieu urbain, cette moyenne tombe à 29,4% et à 26,2% au niveau de l’agglomération de Nouakchott. Elle chute même à 24% dans les milieux les plus aisés».
Face à cette situation, de nombreuses ONG et associations de la société civile ont tenté de pousser les autorités à relever l’âge du mariage. Malheureusement, la procédure d’adoption d’une nouvelle loi portant modification du statut personnel et fixant à 18 ans, l’âge minimal pour le mariage des jeunes filles, est encore bloquée au niveau du Parlement.
Un blocage imputé à la frange la plus conservatrice de la société qui juge ses dispositions «contraires aux préceptes de l’Islam».
Par ailleurs, cette enquête MICS5, la cinquième effectuée en Mauritanie, révèle que «66% des enfants mauritaniens de moins de 5 ans sont enregistrés à la naissance, mais seulement 58% sont enrôlés dans le nouveau système d’enregistrement qui donne accès à un certificat de naissance valable et à un Numéro national d’identification (NNI)».
En Mauritanie, l’Agence nationale du registre des populations et des titres sécurisés (ANRPTS) fait l’objet de dénonciations pour «les multiples obstacles» opposés aux citoyens sollicitant les papiers d’état civil. Le document MICS 5 aborde également la question des mutilations génitales féminines (MGF), pour constater «que quel soit le groupe d’âge, la majorité des femmes jeunes ou moins jeunes, ont subi l’une au l’autre forme de MGF. Ce qui donne une moyenne nationale de 67% de victimes de cette pratique» qui aujourd’hui est en voie de disparition.