Parler de maladie à propos du système éducatif mauritanien relève d’un doux euphémisme, car le secteur se trouve dans un coma profond, selon l’avis concordant des spécialistes.
Ainsi, la situation désastreuse qui prévaut au sein de l’école a été au centre d’une audience accordée par le président Mohamed Ould Abdel Aziz, à une délégation du Bureau exécutif du Syndicat de l’enseignant supérieur, conduite par son patron, Mohamed Lemine Ould Chamekh, ce mardi.
Une rencontre au cours de laquelle le chef de l’Etat mauritanien a situé l’origine des maux dont souffre le système éducatif national dans «le conflit» entre les courants nationaliste arabe et négro-africain (terme désignant la composante des Mauritaniens non arabes) sur plusieurs décennies, selon des confidences rapportées par certaines sources à l’issue de la rencontre.
Les propos prêtés au président de la République déroutent quelque peu. Car, l’homme présenté actuellement comme le plus grand idéologue du régime de Nouakchott, Mohamed Yehdhi Ould Breidelliel, est un vieux routier du nationalisme arabe, qui serait ainsi, selon la logique du présidentr, en partie, un des responsables de la mise à mort du secteur de l’éducation nationale.
Mais, au-delà des courants nationalistes arabes et négro-africains, l’explication présidentielle paraît aussi outrancièrement simpliste. En effet, elle semble occulter la responsabilité totale des différents régimes politiques, ayant eu le devoir historique de concevoir et mettre en œuvre un enseignement adapté à la réalité de la société, dans la situation d’un pays aspirant au développement, selon l’avis des spécialistes de la question.
Par ailleurs, les propos attribués au président rentrent dans le contexte d’un débat national à travers lequel les partisans d’une arabisation à outrance, les moins prudents élèvent la voix pour annoncer leur ferme volonté d’imposer ce choix «par le fusil».
En attendant, le système éducatif national se calcine à grosses flammes. Ce qui le met dans l’impossibilité de remplir sa mission originelle : c'est-à-dire participer à la transformation de la société.
Une réalité illustrée par les résultats du baccalauréat au cours des dernières années, notamment entre 2013 et 2016, avec des taux de réussite qui ont parfois frôlé des niveaux planchers de 8 et même 6%. Aux origines du mal, une multitude de réformes démagogiques qui se sont toutes soldées par des flops retentissants, avec comme résultat des courses une perte sur 50 ans.
Un constat qui inspire la réflexion troublante de cet expert des sciences de l’éducation: «les performances nulles de l’école mauritanienne doivent être recherchées à plusieurs niveaux. La politique nationale dans le domaine de l’éducation, a transformé toutes les écoles du fondamental à l’université, en véritables centres à profusion d’ignorants. Une pagaille généralisée dans la gestion d’une institution sans objectif cohérent, ni boussole depuis plusieurs dizaines d’années».
Autant dire que les Etats généraux de l’éducation (EGE), organisés par le gouvernement en 2013, n’ont pas apporté le remède efficace pour un malade dont le diagnostic vital est profondément engagé.