Mohamed Ould Ghadda, un sénateur farouchement opposé au projet de réformes constitutionnelles proposées par le pouvoir de Nouakchott et très actif dans le combat pour leur rejet, est en état d’arrestation depuis vendredi 12 mai.
Cet élu, homme d’affaires dans la ville civile, issu du même ensemble tribal que le président Mohamed Ould Abdel Aziz, a été placé en garde à vue par la gendarmerie «sur ordre venu d’en haut» à la suite d’un dramatique accident de circulation. Sa voiture a heurté de plein fouet deux femmes sur la route Nouakchott/Rosso, tuant une d’elles sur le coup et blessant gravement la seconde.
Les gendarmes auraient procédé au retrait des téléphones cellulaires du sénateur à son isolement. Une partie de la presse locale perçoit ce dramatique événement comme «une aubaine pour le pouvoir qui pourrait ainsi se débarrasser d’un adversaire irréductible, en dépit de son immunité parlementaire, dont il n’est apparemment pas tenu compte dans le traitement de cette affaire» se désole le site mauriweb.
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Cependant, un spécialiste du droit pénal met un gros bémol à cette analyse, en faisant remarquer « que les infractions commises en situation de flagrant représentent une cause suspensive de l’immunité».
Voilà néanmoins un fait divers qui pourrait réduire au silence l’élu qui apparaît, à titre informel, comme le chef de file des 33 sénateurs ayant rejeté le projet de réformes constitutionnelles défendu par le pouvoir, le 17 mars dernier.
Cet élu évoquait également la perspective de traîner le président Mohamed Ould Abdel Aziz devant la Haute Cour de Justice (HCJ), dont le projet de réformes prévoit la suppression.