Nouakchott refuse le visa d'entrée à 12 militants de droits civiques américains

Le 10/09/2017 à 15h30, mis à jour le 10/09/2017 à 15h46

Les autorités mauritaniennes ont refusé les visas à 12 militants des droits civiques de nationalité américaine désireux d'effectuer une mission d'évaluation dans le pays du 8 au 15 septembre. Une décision que déplore l'ambassade des Etats-Unis.

L’ambassade des Etats Unis d’Amérique en Mauritanie déplore le refus des autorités de Nouakchott d’accorder les visas d’entrée sur le territoire de militants de droits civiques de nationalité américaine désireux de visiter le pays en vue de mesurer les progrès dans la mise en œuvre des actions de lutte contre les séquelles de l’esclavage, à travers une déclaration rendue publique vendredi soir.

La représentation diplomatique US déclare «être préoccupée par le fait que le 8 septembre, 12 américains militants des droits civiques se soient vu refuser l’entrée sur le territoire mauritanien». Cette délégation privée, devait séjourner en Mauritanie dans le cadre d’une mission organisée par un institut abolitionniste basé à Chicago et l’ONG des droits civiques «Rainbw Push».

Ce voyage était prévu du 8 au 15 septembre dans l’objectif «de mesurer les efforts courageux en vue de l’éradication de l’esclavage et ses séquelles, et promouvoir la cohésion sociale».

Sur place, la délégation des militants américains de droits civiques projetait de rencontrer l’ambassadeur des Etats Unis à Nouakchott, les hauts responsables du gouvernement et les dirigeants de la société civile.

A travers ses différents contacts, investigations et suivant une série d’interactions, cette mission souhaitait «prendre connaissance des succès de la Mauritanie dans le processus d’éradication de l’esclavage et promouvoir ces différentes réussites au niveau international. Le gouvernement américain est à la fois déçu et préoccupé par cette décision de refus de visas au profit des militants de droits civiques», affirme l’ambassade.

Le document de la représentation diplomatique américaine rappelle que «l’appartenance raciale et la cohésion sociale sont souvent des problèmes profondément enracinés, dont la solution prend beaucoup de temps du fait des efforts à fournir». C’est en tenant compte de toutes ces difficultés que l’ambassade américaine salue «les actions héroïques des Mauritaniens qui continuent à lutter contre les séquelles de l’esclavage et les divisions raciales dans le pays, de même qu’elle applaudit les héros luttant pour la même cause, en faveur de l’unité de l’Amérique et combat visant la fin des injustices sociales».

Le document de l’ambassade US plaide en faveur d’une nouvelle approche pour analyser le phénomène de l’esclavage et ses séquelles en vue de trouver des solutions adaptées. Malgré une législation abondante, qui fait de sa pratique un crime depuis quelques années, la question de l’esclavage, ou de ses séquelles, reste un sujet de vive polémique en Mauritanie.

Elle est notamment au centre d’un débat sémantique à travers lequel le gouvernement admet «l’existence de séquelles». Les autorités mettent actuellement en œuvre une feuille de route en 29 points visant l’élimination des survivances de cette pratique multiséculaire.

Au même moment, les ONG antiesclavagistes dénoncent une pratique couverte «par une énorme chaine de complicités et d’impunité», dont bénéficient les présumés esclavagistes.

Par Cheikh Sidya (Nouakchott, correspondance)
Le 10/09/2017 à 15h30, mis à jour le 10/09/2017 à 15h46