Vidéo. Mauritanie: cordonnier, une profession transmise de père en fils et qui refuse de se laisser enterrer

Le360 / Amadou Seck et Mamoudou Kane

Le 02/01/2021 à 13h22, mis à jour le 02/01/2021 à 13h24

VidéoSpécialité multicentenaire de la caste des «Sakébés», la cordonnerie continue de s'exercer selon les codes de la tradition, en Mauritanie. Le savoir-faire est transmis de père en fils, mais l'activité se voit concurrencée par des produits manufacturés, importés, notamment de Chine.

Bien loin de la vision de certains jeunes du Sénégal voisin, qui utilisent l'art de la cordonnerie pour créer de nouveaux produits en mêlant tradition et modernité, en Mauritanie, l'activité renvoie presque à la nuit des temps.

Chaussures pour hommes et pour femmes, pochettes, mors pour les chevaux… Les créations sortant des ateliers témoignent d'une tradition restée vivante et qui trouve encore ses adeptes, à l’image des jeunes mariés qui tiennent souvent à porter des babouches réalisées par le cordonnier du coin.

Trois acteurs de cette filière traditionnelle parlent de la transmission d'un savoir-faire historique et de leur travail au quotidien. Ils présentent les objets qu'ils réalisent et commercialisent, et évoquent les nombreuses difficultés rencontrées à l'heure actuelle. Leur activité fait grise mine, mais refuse de se laisser enterrer.

Ibrahima, connu sous le nom de NDiaye Saké, explique avoir appris très jeune auprès de son père. Il ajoute maîtriser parfaitement certaines facettes du métier auxquelles les professionnels n’ont plus recours, du fait d’une absence totale de demande sur le marché.

Il parle de l’approvisionnement en peaux, matière première à partir de laquelle il travaille et dont le prix a connu une hausse exponentielle au cours des dernières années.

Par ailleurs, Ndiaye déplore le manque de considération de son art de la part des autorités, malgré quelques rares participations à des manifestations artistiques officielles et autres foires, systématiquement suivies d’un retour à l’anonymat et l’oubli, du fait d’une absence de leadership et d’entregent au sein de l’association dédiée à la promotion de la profession.

Sur un ton identique, Dahirou Haimoud Gacko affirme avoir appris le métier auprès de son père. Arrivé à Nouakchott en 1963, il parle avec nostalgie de la belle époque, un moment où la demande était forte. 

Par Amadou Seck (Nouakchott, correspondance)
Le 02/01/2021 à 13h22, mis à jour le 02/01/2021 à 13h24