Aliou Bah a été condamné, mardi 7 janvier, à deux ans de prison ferme par le tribunal de première instance de Kaloum pour «offense et diffamation» à l’encontre du président guinéen Mamadi Doumbouya. Il était poursuivi à la suite d’une déclaration tenue lors d’une conférence de presse, le 14 décembre, où il déplorait le silence des chefs religieux face à ce qu’il a qualifié de «répression.»
Le360 Afrique: M. Barry, pourquoi, selon vous, y a-t-il si peu de réactions de la part des acteurs politiques autour de ce procès ?
Aliou Bah: L’UFDG soutient Aliou Bah. Mais si la plupart des responsables du parti ne sont pas physiquement présents, nos militants, eux, sont bien sur place. Ils viennent régulièrement et nombreux sont ceux qui ont même changé leur photo de profil (sur les réseaux sociaux, ndlr) pour afficher leur soutien à Aliou Bah. Nous compatissons sincèrement à ce qu’il traverse. Il est victime d’une cabale politique qui ne dit pas son nom. Nous condamnons fermement cette arrestation, car il n’a rien fait de mal. Les propos qu’il a tenus sont purement politiques. Il n’a jamais porté atteinte à l’unité nationale. Mais comme certains veulent absolument le faire taire, ils l’ont arrêté et mis en prison. S’il se reprochait réellement quelque chose, pensez-vous qu’il aurait pris son véhicule pour traverser librement la frontière terrestre vers la Sierra Leone? Il n’a tenu aucun propos outrageux ni criminel.
Pensez-vous qu’il existe un déficit de confiance entre les citoyens et la justice guinéenne? Cette méfiance aurait-elle poussé votre leader, Cellou Dalein Diallo à quitter le pays?
Vous savez, les gens finiront par comprendre. Comme je l’ai déjà dit, ce n’est pas par contrainte que le président Cellou Dalein Diallo a quitté la Guinée. Il est parti volontairement. Et aujourd’hui, l’histoire est entrain de lui donner raison.
Lors de la dernière audience d’Aliou Bah, plusieurs dysfonctionnements ont été signalés. Les avez-vous également constatés?
Ce que je déplore surtout, c’est l’attitude des magistrats. Beaucoup d’entre eux, le 5 septembre, étaient venus se confier au Colonel Doumbouya, en disant qu’ils regrettaient d’avoir été instrumentalisés. Et pourtant aujourd’hui, ils le sont plus que jamais. C’est extrêmement grave ce que nous vivons. Lors du procès, la presse a été empêchée d’entrer. Des téléphones ont été confisqués. Même les soutiens d’Aliou Bah ont été bloqués à l’entrée. Tout cela donne une image très négative de la Guinée à l’international.