Voici pourquoi les sucriers africains boivent la tasse

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Le 12/04/2018 à 16h47, mis à jour le 12/04/2018 à 17h32

De septembre 2016 à aujourd'hui, les cours du sucre brut à la bourse de Londres ont perdu plus de 43% à 342 dollars, un niveau qui n'a été atteint que deux fois en 10 ans. Les sucriers africains connaissent une année 2018 bien salée.

Début avril, au Cameroun, la Société sucrière du Cameroun diffuse un communiqué alarmant sur la menace qui pèse sur son exploitation à cause de la contrebande et du détournement du sucre industriel. Quelques jours plus tard, c'est au tour de la Compagnie sucrière sénégalaise (CSS) de tirer la sonnette d'alarme en évoquant des quantités importantes de sucre invendues à cause des importations. 

Pratiquement, partout sur le continent, les producteurs de sucre sont confrontés au même souci de mévente de leur production du fait des importations, souvent faites de manière illégale, mais non moins massives. Une situation qui s'explique la forte baisse des cours du sucre depuis octobre 2016. 

En effet, le prix de "l'or blanc" a pratiquement été divisé par deux en 18 mois. De 612 dollars la tonne de sucre brut à Londres en septembre 2016, le cours est passé à 345 dollars dans sa cotation du 10 avril, soit une baisse de 43,6%. Or cette baisse s'explique des productions record de pays comme le Brésil ou l'Australie qui écoulent leur surplus sur les marchés internationaux. Les européens aussi ont connu de bons niveaux de production ces deux dernières années. Résultat: il y a une certaine mévente qui contribue à tirer les prix vers le bas.

Il y a bien longtemps que ces prix n'ont pas atteint un niveau aussi bas.il faut remonter à août 2015 pour retrouver un cours de 332 dollars la tonne. Et au cours des dix dernières années, la barre des 340 dollars n'a été franchie qu'à deux reprises. C'est ce qui explique que les sucriers africains souffrent autant. 

En principe, au Sénégal, l'Etat a toujours protégé la filière sucrière dont la CSS est l'unique industriel, mais qui emploie près de 10.000 personnes dont la moitié à temps plein. Actuellement, selon les leaders syndicaux qui craignent pour les emplois, il y aurait jusqu'à 80.000 tonnes de sucre dormant dans les hangars de la compagnie et ne trouvant pas preneurs. Ils accusent la contrebande et les importations illégales via le port de Dakar. 

Au Cameroun, la Sosucam affirme que ses entrepôts seront bientôt pleins. Et une fois la capacité de stockage atteinte, la société menace d'arrêter sa production. Cette mise en garde vise à pousser les autorités camerounaises à prendre le problème au sérieux. 

Par Mar Bassine Ndiaye
Le 12/04/2018 à 16h47, mis à jour le 12/04/2018 à 17h32