Le musée des civilisations noires, qui sera inaugurée le 26 novembre 2016 par le président Macky Sall, va accueillir, à cette occasion, des pièces d’antiquités égyptiennes, d’après l’ambassadeur de l’Egypte à Dakar, Moustapha El Kouny, confirmant «l’accord» du Caire.
Le Sénégal sera ainsi le premier pays africain à accueillir ces pièces d’antiquités en provenance du musée du Caire. Pour le diplomate égyptien, ces pièces représentent le «lien» entre la civilisation égyptienne et l’Afrique, comme l’a théorisé l’historien sénégalais Cheikh Anta Diop.
D’ailleurs, le président égyptien Abdel Fattah Al-Sissi est attendu à Dakar pour assister à la cérémonie d’inauguration de novembre, d’après Mbagnick Ndiaye, le ministre sénégalais de la Culture et de la communication.
Rêvé par Senghor, initié par Abdoulaye Wade et achevé par Macky Sall, sur financement de la République populaire de Chine, le musée des civilisations nègres est un projet culturel qui «transcende le monde noir», mais aussi un espace de célébration des civilisations noires dans leur aspiration commune à la rencontre de l’autre, d’après le Premier ministre sénégalais Mahammad Boun Abdallah Dionne, qui s’exprimait, ce jeudi, lors de la cérémonie d’ouverture de la conférence internationale de préfiguration destinée à réfléchir sur la vocation dudit musée.
Pour la petite histoire, une petite polémique est née après la cérémonie d’hier. Certains reprochent au Premier ministre sénégalais ainsi qu’au Pr Ibrahima Thioub, recteur de l’Université Cheikh Anta Diop de Dakar et président du comité scientifique de la conférence, de n’avoir cité, dans aucun passage de leurs discours, le nom d’Abdoulaye Wade. Alors que l’ancien président, qui tenait particulièrement à ce projet, avait trouvé le financement et entamé les travaux avant de quitter le pouvoir.
Si l’idée du musée vient effectivement de Senghor, Wade, qui se définissait comme un grand panafricain, avait intégré le musée des civilisations nègres dans ses «7 merveilles de Dakar», un ambitieux projet culturel dont fait partie le Grand Théâtre (également financé par Pékin), qu’il avait inauguré avant de quitter le pouvoir en 2012.
L’historien Iba Der Thiam, coordonnateur du projet d’écriture générale de l’histoire du Sénégal, qui, lui, a cité Wade dans son discours, estime que le musée des civilisations noires «vient combler une lacune et réparer une injustice faite au continent africain et à ses peuples dont des pans entiers risques de sombrer dans un oubli irrémédiable».
Les partisans de Wade voudraient (peut-être) qu’on lui réserve une place dans le musée… pour l’Histoire.