Sénégal: brouille entre l’Etat et orange

Le 27/01/2016 à 20h46

Depuis que la Sonatel, filiale du français Orange, en concertation avec les autres opérateurs présents au Sénégal, a refusé de soumettre une offre pour l’attribution de la licence 4G, le signal ne passe plus avec les autorités sénégalaises.

Le président Macky Sall en personne serait fortement irrité par l’attitude de la Sonatel, dont l’Etat du Sénégal est un actionnaire important.Pour rappel, à la place du vainqueur de l’appel d’offres pour l’attribution de la licence 4G qu’attendaient les Sénégalais, c’est un directeur de l’ARTP très remonté qui annonçait le 18 janvier 2016, jour de l’ouverture des plis, le refus des trois opérateurs (Orange, Tigo et Expresso) de soumissionner.Pour se justifier, la Sonatel avait publié, le 19 janvier, un communiqué expliquant que «les conditions de la licence 4G ne permettent pas de créer de la valeur au vu de [son] benchmark».Des arguments réfutés en bloc par le directeur de l’Agence de régulation des télécommunications et des postes (ARTP) dans un communiqué publié ce mardi 26 janvier. Selon Abdou Karim Sall, les analyses présentées par Sonatel sont «erronées et ses conclusions infondées».«Sonatel donne une information erronée sur le prix de la licence au Maroc (30 milliards de FCFA) alors que le prix minimum avec les frais de réaménagement du spectre était de 48 milliards de FCFA. Sonatel fait référence au Maroc en invoquant les montants payés par le 2ème et 3ème opérateur. Or, le premier opérateur en parts de marché a déboursé l’équivalent de 81 milliards de FCFA (frais de réaménagement de spectre inclus)», note le communiqué.Poursuivant son argumentaire, le DG de l’ARTP note que «la méthode de benchmark de Sonatel s’appuie sur les écarts de PIB entre le Maroc et le Sénégal. Or, l’indicateur de référence pour le marché des télécommunications est l’ARPU (Average revenue per user) et non le PIB. L’écart d’ARPU entre le Maroc et le Sénégal est nettement moindre que l’écart de PIB. Sonatel indique des écarts de PIB de 3,5 mais l’écart d’ARPU n’est que de 1,2».Il conclut en soulignant que «la méthode de Sonatel ne prend pas en compte la quantité et la qualité du spectre attribué» et tandis que «la Sonatel cite 2 pays (Guinée Bissau et Maroc) dans son communiqué, l’ARTP fonde son analyse sur plus de 20 pays».

Par Ibrahima Diallo (Dakar, correspondance)
Le 27/01/2016 à 20h46