650 milliards de FCFA de créances en souffrance pour les banques sénégalaises

Le temps de la justice et celui des affaires n’évoluent pas au même rythme. Les lenteurs judiciaires pour traiter les contentieux bancaires sont très préjudiciables aux banques à en croire ces dernières.«A la fin de l’année 2015, les banques et établissements financiers sénégalais ont cumulé 650 milliards de FCFA (soit 991 millions d'euros) de créances en souffrance à cause des contentieux et autres décisions de justice», a expliqué Alioune Camara, le président de l’Association des professionnels des banques et établissements financiers (APBEF), hier, lors d’un atelier sur le contentieux bancaire.Une situation «préjudiciable» aux banques et qui constitue «un manque à gagner» aussi bien du point de vue de la rentabilité que de l’utilisation de la trésorerie. Ce qui fait dire à Camara que «le contentieux bancaire constitue un frein au financement de l’économie».Les banques et établissements financiers reprochent aux juges la longueur des procédures judiciaires –certaines créances douteuses peuvent durer 5 à 10 ans avant de faire l’objet d’une décision de justice– et les lenteurs dans la délivrance et l’exécution des décisions de justice.Face à ces critiques, les juges mettent en avant des arguments de droit et soutiennent même rendre des décisions généralement plus favorables aux banques. Ce qui fait dire à Mamadou Ndiaye, conseiller en charge des questions monétaires au ministère de l’Economie, des finances et du plan, que «la problématique autour du traitement des contentieux bancaires est diversement appréciée selon qu’on est banquier ou juge».Ce qui est sûr, c’est que la longueur des procédures a «une incidence directe sur le coût et l’accessibilité au crédit», dit Ndiaye.Se basant sur un échantillon de 269 décisions de justice rendues par la Cour d’appel de Dakar, le Pr Abdoulaye Sakho, un spécialiste du droit des affaires, a mené une étude qui parvient à la conclusion qu’il faut des tribunaux commerciaux, avec des juges spécialisés dans le contentieux bancaire et la création d’un cadre de concertation formel entre clients, banques et juges.A noter que le secteur bancaire sénégalais compte 23 banques d'origines diverses et 2 établissements financiers.