Dans une lettre adressée aux Sénégalais, publiée ce week-end, l’ancien Premier ministre Idrissa Seck proposait la mise en place d’un jury d’honneur pour faire la lumière sur l’affaire dite du «Protocole de Rebeuss». A travers cette initiative, il entendait laver son honneur sur ce dossier dans lequel il est soupçonné avoir détourné 74 milliards de FCFA (près de 113 millions d’euros) lors de l’exécution des chantiers de Thiès sous le régime d’Abdoulaye Wade.Réagissant à cette proposition, Birahime Seck du Forum civil (société civile) avait estimé que le gouvernement du Sénégal ne devrait même pas attendre qu'un jury d'honneur soit proposé par qui que ce soit. «Le service public de la justice est assuré grâce aux impôts des citoyens. Ces derniers clament et réclament que le procureur se saisisse de cette affaire dite du Protocole de Rebeuss», disait-il lors d’une intervention radiophonique.Visiblement, cet appel a été entendu par le procureur de la République, Serigne Bassirou Guèye, qui a annoncé, ce lundi 18 juillet, s’être autosaisi du dossier. Apparemment déterminé à faire la lumière sur cette affaire qui pollue la vie politique au Sénégal depuis plus de dix ans, le magistrat vient de lancer les auditions.Le premier à passer devant les enquêteurs sera Samuel Sarr, l’ancien ministre de l’Energie, qui ne manque pas l’occasion, ces derniers temps, de lancer de graves accusations contre Idrissa Seck dans ce dossier.Par la voix de son chargé de communication, Thierno Bocoum, «Rewmi», le parti de M. Seck, s’est félicité de cette initiative du procureur. «Nous sommes très satisfaits qu’enfin la justice se saisisse de cette question dite des 74 milliards afin que cessent définitivement les mensonges et les calomnies infinies contre Idrissa Seck», explique Bocoum dans un communiqué.Il réclame, pour la manifestation de la vérité, l’audition de «tous ceux qui disent détenir des preuves ou des comptes bancaires, tous ceux qui ont été cités dans cette affaire, y compris l’ancien Président de la République Abdoulaye Wade) et l’actuel (Macky Sall) qui fut son Premier ministre».Pour Birahime Seck, le procureur Guèye doit aussi s’intéresser aux autres «scandales» ayant jalonné l’actualité récente : la présence du procureur de Qatar lors de la libération de Karim Wade (que la presse a qualifié de «Protocole de Doha»), l’affaire Bictogo, les malversations signalées au Coud par l'Office national de lutte contre la fraude et la corruption (OFNAC), le supposé versement de 22 milliards de FCFA par l’entreprise TOG pour l’obtention des puits de Saloum et Sénégal Sud Onshore, pour ne citer que quelques affaires.En décidant de s’intéresser à cette vieille affaire hautement politique (le «Protocole de Rebeuss»), le procureur Guèye vient peut-être d’ouvrir une boite de Pandore. Le grand déballage semble avoir commencé.
Le 19/07/2016 à 10h37