Il y a quelques jours, il avait menacé de faire tomber le président Macky Sall par des révélations sur les contrats pétroliers : «Si je parle, tu tombes, un point, un trait», avait-il écrit sur sa page Facebook, avant d’ajouter : «Dis à ton frère (Aliou Sall, NDLR) de rembourser tout (…) Je vous ai connu tous les deux, pauvres».
Une déclaration qui avait relancé la polémique sur les contrats pétroliers et suscité beaucoup de questions. Alors que certains s’interrogent encore pourquoi le procureur de la république n’a pas convoqué le journaliste-consultant, vu la gravité de ses propos, Adama Gaye, puisque c’est de lui qu’il s’agit, vient d’en rajouter une couche.
«Nous sommes en face d’un contrat odieux en vertu duquel on a pris le pétrole et le gaz du Sénégal, qu'on a donnés à des aventuriers», dit-il dans un entretien paru dans l’édition du jour du quotidien «Rewmi». Gaye fait allusion, bien sûr, à Frank Timis, «une personne sulfureuse, presque apatride». Disant bien connaître ce dernier pour avoir mené des enquêtes sur lui «au nom d’un fonds d’investissement asiatique», Adama Gaye accuse l’homme d’affaires Australo-roumain d’avoir accaparé les ressources naturelles du Sierra Leone, au début des années 2000, alors que le pays était en pleine guerre civile, s’appuyant sur «des pouvoirs corrompus».
Avait-il la même démarche au Sénégal? Adama Gaye ne le dit pas clairement, mais le sous-entend.
Le journaliste-consultant a aussi, évidemment, Aliou Sall, le frère du président sénégalais, au cœur de cette affaire de pétrole, dans son viseur: «Qu’Aliou Sall soit associé à Frank Timis, c’est gravissime. Il y a conflit d’intérêts. C’est pire que le Watergate».
Mais il a, une nouvelle fois, défié le président Macky Sall, en soulignant que celui-ci aurait «fait obtenir le premier contrat de pétrole» lorsqu'il était à la tête de la Société des pétroles du Sénégal (Petrosen). Il promet de saisir le Congrès américain, «l’une des voies les plus sûres pour que justice soit rendue».
Si les accusations du journaliste-consultant concernant le frère du président Sall ne sont pas nouvelles -d’autres, comme Ousmane Sonko ou l’ancien Premier ministre Abdoul Mbaye, avaient déjà formulé ces accusations- beaucoup, à Dakar, se demandent au nom de quels intérêts Adama Gaye «s’agite-t-il»? Et surtout pourquoi s’être tu jusqu’à présent?
Certains responsables du pouvoir sont convaincus que s’il est aussi virulent dans ses accusations, c’est que «certains intérêts» de ses amis asiatiques sont menacés… Mais l'autre question que se pose le Sénégalais lambda c’est pourquoi n’est-il pas inquiété par la justice, si ce qu’il dit n’est pas fondé?