Sénégal: le FMI et la Banque Mondiale divergent sur les projets de Macky Sall

Le président Macky Sall posant la premiére pierre d'un chantier

Le président Macky Sall posant la premiére pierre d'un chantier. DR/

Le 19/07/2017 à 10h49, mis à jour le 19/07/2017 à 11h27

Grain de sable dans la machine du TER. La Banque Mondiale regrette les 568 milliards de francs Cfa engagés par le Sénégal dans le Train Express Régional. En ce moment, le gouvernement brandit le trophée des grands projets du PSE et le FMI vante les performances macroéconomiques du Sénégal.

Le Train Express Régional (TER) devant relier Dakar à l’Aéroport International Blaise Diagne (AIBD), est le «plus grand projet du Sénégal indépendant», avait soutenu le président Macky Sall, au moment du lancement du projet, le 14 décembre 2016. Mais cette idée n’emballe pas trop Louise Cord, Directrice des opérations de la Banque mondiale.

Selon elle, «le Train Express Régional n’est pas rentable». Du côté de cette institution financière internationale, on regrette que le gouvernement du Sénégal engage 568 milliards de francs Cfa (854,2 millions d’euros) dans ce projet.

La Directrice des opérations de la Banque Mondiale au Sénégal base son argumentation sur l’enclavement des localités intérieures du Sénégal qui, faute d’infrastructures routières, ne peuvent pas contribuer au produit intérieur brut du Sénégal. Il fallait donc en priorité, faire de sorte que les populations rurales disposent de routes et puissent acheminer leurs produits vers les grands centres de consommation du pays comme Dakar. «Il faut que le projet soit rentable économiquement et financièrement. Mais, on n’arrive pas au même chiffre que les autres», a soutenu Louise Cord.

Cette thèse de la Directrice des Opérations de la Banque Mondiale au Sénégal semble donner raison à plusieurs citoyens sénégalais qui qualifiaient ce projet de scandale financier dans un pays sous développé comme le Sénégal. 

Le Gouvernement du Sénégal va puiser sur les ressources du pays pour offrir une bouée de sauvetage à l’entreprise française Alstrom qui allait tout droit vers la faillite. On ne peut pas se permettre «de faire un tel investissement alors qu’on a des zones enclavées. C’est une question qui serait difficile à gérer», a-t-elle continué.

On voit ainsi une cohérence dans la démarche de la Banque Mondiale qui, au lieu de participer financièrement à la réalisation du TER, a préféré accorder à l’Etat du Sénégal un crédit pour le développement des infrastructures routières dans les différentes communes.

En émettant un doute sur l’efficacité des projets structurants comme Le TER, l’AIBD et la ligne ferroviaire Dakar-Bamako, la Banque mondiale prend le contre-pied du FMI qui approuve les choix économique du gouvernement du Sénégal.

L’avis différent du FMI

En effet, dans un communiqué daté du 26 juin 2017, le gouvernement faisait savoir que « le Fond Monétaire International avait approuvé la quatrième revue du programme économique et financier couvrant la période 2015-2018 appuyé par l’Instrument de soutien à la politique économique (ISPE).

Cette institution financière cherche ainsi, en tenant en compte des exigences de l’Union économique et monétaire ouest africaine (UEMOA), à soutenir la politique et les différentes réformes enclenchées en vue du maintien de la stabilité macroéconomique du Sénégal.

Par ce geste, «le FMI marque la confiance que la communauté internationale accorde au Sénégal, et illustre le soutien franc des partenaire techniques et financier à la nouvelle stratégie de développement économique et social, le plan Sénégal Emergent».

Rappelons que le TER, l’AIBD et la réhabilitation de la ligne ferroviaire Dakar-Bamako sont les projets phares du Plan Sénégal Emergent (PSE), si cher au président Macky Sall.

Par Moustapha Cissé (Dakar, correspondance)
Le 19/07/2017 à 10h49, mis à jour le 19/07/2017 à 11h27