Sénégal: Vincent Bolloré épinglé pour un flagrant délit de fraude fiscale 

DR

Le 22/09/2018 à 16h56, mis à jour le 22/09/2018 à 17h00

Le groupe Bolloré fait actuellement l’objet, au Sénégal, d’un redressement fiscal. Le fisc sénégalais réclame 1,5 milliard de francs Cfa (2,3 millions d'euros) au groupe français. Mais passera-t-il un jour à la caisse?

Le Groupe Bolloré est actuellement dans le collimateur des inspecteurs des impôts du Sénégal. Suite à un contrôle fiscal, l’entreprise a été prise en flagrant délit de fraude, et le fisc a découvert des "irrégularités sur notes", selon le quotidien français Libération, qui révèle également que le groupe français fait l’objet d’un redressement dont le montant a été fixé à 1,5 milliards de francs Cfa (2,3 millions d’euros).

Un habitué des faits

Pour beaucoup de Sénégalais, ce redressement dont fait l’objet le groupe Bolloré pourrait connaitre la même issue que celui de la Compagnie sucrière sénégalaise (CSS) de Jean-Claude Mimran. En 2017, les services des impôts sénégalais réclamaient la somme de 10 milliards de francs Cfa (15,03 millions d’euros) à la CSS. Mais Jean-Claude Mimran avait usé de toute son influence et s'était dérobé. La sanction contre le groupe Bolloré risque fort de connaître le même sort. 

D'ailleurs, le groupe Bolloré n’a pas respecté les clauses du contrat de 25 ans qui le lie à l’Etat du Sénégal, depuis novembre 2013, pour la gestion d'un terminal du port de Dakar. Selon ce contrat, d’une valeur de 64 milliards de francs Cfa (96,24 millions d’euro), Vincent Bolloré s’était engagé à ouvrir le capital de Dakar Terminal, sa filiale au Sénégal, aux investisseurs sénégalais. Mais le groupe français, qui s’est toujours considéré comme "intouchable" en Afrique, n’a jusqu’à présent pas encore respecté cet engagement avec l’Etat sénégalais. 

Le groupe Bolloré est, semble-t-il, un habitué des faits de fraude sur le continent. Son fondateur, Vincent Bolloré, a été mis en examen en France, le mercredi 25 avril dernier, après avoir subi une garde à vue de 48 heures à l’Office central de lutte contre la corruption et les infractions financières et fiscales de Nanterre, près de Paris. 

Entre autres griefs qui lui sont reprochés, la justice française le soupçonne de corruption sur des agents publics étrangers, de complicité, d’abus de confiance et de faux et usage de faux. En effet, les méthodes utilisées par Vincent Bolloré pour l’obtention de concessions dans des ports africains, notamment en Guinée Conakry, ont été jugées pour le moins peu orthodoxes.

Par Moustapha Cissé (Dakar, correspondance)
Le 22/09/2018 à 16h56, mis à jour le 22/09/2018 à 17h00