Les campagnes arachidières se suivent et se ressemblent au Sénégal. A l’image de celle de l’année dernière, la campagne 2018-2019 est en train de tourner au fiasco pour les paysans et les agriculteurs sénégalais, qui se retrouvent avec des bons impayés, sortes de chèque sans provisions remis par les intermédiaires qui travaillent avec cette industrie huilière.
Dans le département de Médina Yoro Foula (MIF), la plupart d’entre eux sont contraints de se rabattre sur les marchés hebdomadaires du pays voisin pour écouler leurs récoltes. Tous les jeudis, les populations des villages qui longent la frontière entre les deux pays prennent d’assaut le "louma" ["marché hebdomadaire", en wolof] de Jahanka.
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Lassés de faire la navette entre le Sénégal et la Gambie pour vendre à bas prix leur récolte, les paysans de Touba Mboyène sont désespérés. «Les "bana-bana" (commerçants) exploitent notre misère et viennent acheter à 10.000 Fcfa, le sac d’arachide, qui est ensuite vendu à 15.000 Fcfa au niveau des points de collecte fixés par les autorités», se plaint Assane Sylla, l'un des producteurs.
A défaut d'être financés pour la campagne arachidière, explique-t-il, les agriculteurs sont contraints de vendre leurs récoltes aux commerçants qui les acheminent vers la Gambie. «Pas plus tard qu’hier [lundi 4 janvier, Ndlr], révèle-t-il, j’ai croisé, au niveau de la frontière, un camion immatriculé en Gambie qui était chargé de plusieurs tonnes d’arachides».
«On n'a jamais vu des campagnes arachidières aussi abominables que celle de ces dernières années», déclare Hamidou Diallo, un habitant âgé, vivant dans un autre village de ce département de la région Kolda.
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«Pourtant, lors de sa dernière visite à Kolda, le ministre de l’Agriculture avait soutenu que la campagne arachidière se déroulait très bien», ajoute Malick Diop, un autre agriculteur.
«Dr Pape Abdoulaye Seck [le ministre sénégalais de l’agriculture, Ndlr] peut dire ce qu’il veut. Mais il n’est jamais venu vers nous pour s’enquérir des conditions dans lesquelles nous travaillons», renchérit-il.
«Si rien n’est fait d’ici à la fin de la campagne électorale, nous allons tous voter contre le candidat Macky Sall à la présidentielle», prévient Malick Diop, en conclusion de ses propos.