Sénégal: les difficultés du Trésor plombent les projets du plan "Sénégal émergent"

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Le 20/06/2019 à 15h45, mis à jour le 20/06/2019 à 15h46

L’Etat du Sénégal est au bord de l’asphyxie financière. Son budget, de l'ordre de 4071 milliards de Fcfa, voté à l’Assemblée nationale pour l’année 2019, peine à être convenablement exécuté. En cause, la dette publique vis-à-vis des entreprises engagées dans les grands projets structurants du pays.

Les comptes de l’Etat du Sénégal sont au rouge. C’est du moins la lecture que beaucoup font de l’arrêt des travaux des nombreux projets structurants entamés par le gouvernement. 

Auparavant, plusieurs entreprises s'étaient plaintes des longs délais de paiement imposés par l'Etat.

Amadou Ba, le précédent ministre de l’Economie, des Finances et du Plan, avait tenté, lors de son mandat, de dédouaner l’Etat, en soutenant que cette situation était avant tout liée à la politique sociale dans laquelle s’était engagé le gouvernement.

A présent que ce dernier n’occupe plus ce poste, le Trésor est rattrapé par la dure réalité d’une situation financière tendue.

De toute évidence, les caisses du Trésor public sénégalais sont vides.

«Il y a un gap financier de plus de 100 milliards de francs Cfa qui pourrait atteindre 345 milliards s’il n’est pas résorbé», affirme le député Ousmane Sonko, leader du parti Pastef. 

Le lundi 17 juin dernier, Oumar Youm, ministre des Transports, a également annoncé «qu’au lieu du 14 juin 2019, date initialement prévue pour le démarrage opérationnel du Train express régional (TER), c’est plutôt au début de l’année 2020 que l’exploitation commerciale va débuter». Selon lui, l'Etat doit jusqu'à 20 milliards de Fcfa aux fournisseurs ou prestataires dans le cadre du TER. A cela s'ajoute quelque 5 milliards de Fcfa d'indemnisations dues aux "impactés du TER", toujours selon l'affirmation du ministre des transports. 

La dette intérieure du Sénégal atteint actuellement près de 1000 milliards de Fcfa.

Toutefois, cette récente annonce du ministre des Transports n’apporte rien de nouveau.

«Il ne fait que confirmer les craintes émises par l’opposition, la société civile et les institutions financières internationales qui avaient lancé des alertes sur les difficultés financières qui guettaient le Trésor public», précisent certains observateurs de la vie politique au Sénégal.

A titre de rappel, la directrice des opérations de la Banque mondiale, Louise Cord, avait attiré l’attention du gouvernement sénégalais sur le fait que le Train express régional (TER) risquait de ne pas être rentable.

Mais l’Etat avait préféré botter en touche, arguant d’une «croissance entre 6 et 7%».

Plus grave encore, cette croissance profite avant tout aux multinationales françaises comme EIFAGE, TOTAL, ALSTOM et ORANGE qui continuent de piller les ressources financières du pays.

Par Moustapha Cissé (Dakar, correspondance)
Le 20/06/2019 à 15h45, mis à jour le 20/06/2019 à 15h46