Youssou Ndour, ministre et patron de presse
D’abord Youssou Ndour. Outre sa carrière de chanteur, les médias internationaux ne le présentent qu’en homme politique. Mais l’interprète de "Seven seconds" est beaucoup plus que cela. Il possède le plus important et le plus influent groupe de presse du pays, avec à la clé des centaines d’emplois et plusieurs milliards de Fcfa de chiffre d’affaires.
Dans le Groupe Futur Média (GFM), "il y a plus de 400 emplois actuellement dans les chaînes de télé et radio TFM et RFM, mais également au quotidien l’Observateur et son site internet", affirme Mamadou Ibra Kane, directeur de GFM.
Youssou Ndour a très vite su que l’argent était le nerf de la guerre. Alors qu’il était lié à Sony, il a jugé plus judicieux de créer sa propre maison de production avec son studio d’enregistrement et sa discothèque à Dakar. Alors, depuis pratiquement trois décennies, il produit ses propres disques et ceux de nombreux artistes sénégalais, mais aussi ses spectacles.
Parti de rien, né dans une famille modeste de la Medina, quartier du centre ville de Dakar, Youssou est sans doute l’une des plus grosses fortunes du pays. Mais, même si la presse lui attribue une certaine richesse, il est bien difficile d’évaluer une fortune quand aucune des sociétés qu’il possède n’est cotée à la Bourse. C’est malheureusement le cas de la plupart des sociétés et groupes sénégalais.
Son engagement en politique a commencé vers la fin des années 2000. En effet, le pouvoir d’Abdoulaye Wade lui a toujours refusé sa licence pour créer sa propre chaîne de télé, alors que ce n’est pas le financement qui lui manquait. Du coup, il crée son mouvement "Fekke Ma Ci Boole" qui signifie en Ouolof, "Ma présence m’implique". Et quand il s’engage, il y va à fond. Ainsi, ses chansons au vitriol dénoncent les coupures que Karim Wade, alors ministre de l’Energie, ne parvenait pas à juguler. De fils en aiguille, il ira jusqu’à se présenter à l’élection présidentielle de 2012 contre Abdoulaye Wade.
Akon, de Lonely au solaire en passant par Lady Gaga
Ensuite Akon, alias Aliou Thiam. Ce Sénégalais d’origine, né dans la ville de Kaolack, s’est rendu très jeune aux Etats-Unis, à l’âge de 7 ans, ce qui fait de lui le chanteur américain que tout le monde connait. Il y est allé pour rejoindre son père. Mais c'est finalement Akon qui sera la concrétisation du rêve américain de la famille Thiam. L’interprète de "Lonely" a très vite su allier les affaires et la chanson, à l’image de son aîné Yousou Ndour. Peu de personnes savent, à cause de la discrétion de son fondateur, que c’est KonLive Distribution qui a participé à l’explosion du phénomène Lady Gaga en 2008. Sauf que pour Akon, Lady Gaga était avant tout une question de business. "Quand je l'ai emmenée au sommet, là où elle ne pouvait plus que dégringoler, je suis parti. En d'autres termes, j'ai vendu mes actions et je me suis retiré avant qu'il ne soit trop tard", avait confié Akon dans une matinale du DJ Sway en 2014. C’est là un autre trait commun avec Youssou Ndour, puisque beaucoup de jeunes chanteurs sénégalais se plaignent également d’avoir contribué à enrichir Youssou Ndour alors qu’ils ne parviennent pas à joindre les deux bouts.
Mais Akon, comme You –nom que donnent les Sénégalais à l’enfant de la Médina- n’a pas mis tous ses œufs dans le même panier. Ainsi, très vite il a su diversifier ses investissements. Il a investi dans une mine de diamants en Afrique du Sud, mais difficile d’en savoir plus. Quoi qu’il en soit, désormais c’est l’énergie solaire qui vaut de l’or pour lui. En effet, il a profité du programme d’Obama pour l’électrification de l’Afrique pour lancer Akon Lighting Africa. Dès son lancement, sa notoriété jouant, Akon a réussi à décrocher un financement d’un milliard de dollars pour un vaste programme d’électrification solaire. Entouré de compétences et de personnes bien introduites, dont le Malien Samba Bathily, cofondateur, et le Sénégalais Thione Niang, Akon réussit là où beaucoup ont échoué.