Sénégal: la première télé privée boude les manifestations officielles

El Hadj Ndiaye, patron de 2STV, première chaîne de télévision privée du Sénégal.

El Hadj Ndiaye, patron de 2STV, première chaîne de télévision privée du Sénégal.. DR

Le 04/01/2018 à 12h46, mis à jour le 04/01/2018 à 13h00

Les chaînes de télévision privées sont menacées de fermeture à cause d'une situation financière catastrophique. Pour faire pression sur le gouvernement, elles ont décidé de ne plus couvrir les manifestations officielles.

Les chaînes de télévision privées sont dans une situation financière critique. En effet, la plupart des droits de publicité sont engrangés par la Radiodiffusion télévision du Sénégal (RTS), l'organe public, qui bénéficie en plus d’un budget annuel de l’Etat.

Résultat: les médias privés peinent à payer leurs employés. El Hadji Ndiaye, directeur général de Origines SA et propriétaire de la 2STV, a donc décidé de ne plus couvrir les manifestations du gouvernement tant que rien n’est fait pour améliorer la situation financière des télévisions privées.

«Nous sommes dans une difficulté énorme. Je vous assure que beaucoup de chaînes de télévision et de structures de production vont fermer. Parce qu'ici au Sénégal, on se retrouve avec des miettes», a alerté le directeur général d’Origines SA.

Au Sénégal, les médias privés sont farouchement concurrencés par la télévision nationale, qui, grâce à ses subventions, peut se permettre de facturer, selon le DG de 2STV, «80.000 voire 50.000 francs Cfa des plages publicitaires que les télévisions privées auraient vendues à 200 000 franc Cfa». Les clients ont vite fait leur choix et les chaînes privées sont privées de publicité, leur principale source de revenus.

«Abdoulaye Daouda Diallo, alors ministre du budget, avait demandé aux ministères d’aider les télévisions privées». Malheureusement, regrette le DG de 2STV, «les patrons des télévisions privées sont obligés de vendre des appartements ou des terrains pour payer les salaires de leurs employés». Et même si lui, en tant que patron de presse, est dans une situation assez confortable, il prédit un avenir sombre à ses confrères.

Pour lui, plus question de continuer à couvrir les évènements officiels. «Il y a un ministre à Fogolomi, allez-y, il faut couvrir ce déplacement. On ne peut plus continuer à le faire sinon, on ferme les boîtes», ironise-t-il.

Par Moustapha Cissé (Dakar, correspondance)
Le 04/01/2018 à 12h46, mis à jour le 04/01/2018 à 13h00