Le gouvernement sénégalais est en croisade contre le cumul de mandats. Ainsi, après la destitution d’Aïda Mbodj du Parti démocratique sénégalais (PDS, opposition) de son poste de présidente du Conseil départemental de Bambey et la polémique qui s’ensuivit, le ministre en charge des Collectivités locales, Abdoulaye Diouf Sarr, a décidé de priver six autres élus de leurs mandats locaux.Parmi ces nouvelles «victimes» de la loi n°96-11 du 22 mars 1996, qui interdit le cumul de mandats, il y a, cette fois-ci, des élus de l’Alliance pour la république (APR), le parti au pouvoir. Il s’agit notamment du 6e vice-président de l’Assemblée nationale, Yatta Sow, également vice-présidente du Conseil départemental de Podor (région de Saint-Louis), d’Alioune Dembourou Sow, député-maire de Vélingara Ferlo et président du Conseil départemental de Ranérou (région de Matam), du député Hadji Mamadou Sall, président du Conseil départemental de Salémata (région de Kédougou), le député-maire Daouda Dia, questeur de l’Assemblée nationale et conseiller départemental de Kanel (région de Matam), le député-maire de Bakel, Ibrahima Baba Sall, conseiller départemental de Bakel (région de Tambacounda).A ceux-là s’ajoutent le député-maire de Kédougou, conseiller départemental de Kédougou, et de sa collègue parlementaire Inthy Boiro, conseillère départementale de Médina Yoro Foulah (région de Kolda).En destituant des élus de son camp, le ministre a sans doute voulu éteindre la polémique née de la destitution d’Aïda Mbodj, une figure de proue du PDS, dans un contexte de tensions entre le pouvoir et l’opposition. «Je n’ai pas de liste noire, mais j’ai le droit avec moi», a tenté d’expliquer Abdoulaye Diouf Sarr.Concernant l’affaire Aïda Mbodj, le ministre a indiqué n’avoir «rien à se reprocher» et qu’il a posé «l’acte qu’il fallait». Mais selon l’opposition, il a «violé la loi» en s’empressant de signer l’acte de destitution de la présidente du Conseil départemental de Bambey sans aucune mise en demeure. Sarr brandit la loi (citée plus haut) qui, en son article 3, dit qu’en cas de cumul de mandats «dans les 30 jours, si l’intéressé ne fait pas le choix, son dernier mandat électif acquis tombe de plein droit».Evidemment la question qui se pose, c’est pourquoi avoir choisi de commencer par une élue de l’opposition alors que plusieurs élus du pouvoir sont dans le même cas figure ? En tout cas la tension politique est montée d'un cran au Sénégal à la suite de cette décision.
Le 29/04/2016 à 16h47