Macky Sall-Wade: enfin les retrouvailles !

Macky Sall, président du Sénégal, et Abdoulaye Wade, son prédécesseur.

Macky Sall, président du Sénégal, et Abdoulaye Wade, son prédécesseur.. DR

Le 06/05/2016 à 16h58

L’appel au dialogue politique lancé la semaine dernière par le président Macky Sall est diversement apprécié par l’opposition. Si le Parti démocratique sénégalais (PDS), de l’ancien président Abdoulaye Wade, se dit «favorable» au dialogue à certaines conditions, Idrissa Seck y voit un subterfuge.

«Le président Abdoulaye Wade m’a chargé de dire qu’il ne sera jamais un obstacle au dialogue». La phrase est de Me Madické Niang, un proche et ancien ministre de Wade. Mieux, dans des propos rapportés par les journaux sénégalais, ce vendredi, le «Pape du Sopi» (Wade) s’est dit convaincu que «dialoguer est un levier qu’il faut régulièrement actionner en politique pour lever les incompréhensions et résoudre les conflits».Cette bonne disposition d’Abdoulaye Wade pour un dialogue politique avec le pouvoir n’est guère surprenant. Outre son rêve de réunifier la grande famille libérale, dont Macky Sall est issu, l’ancien président sénégalais n’a jamais fait mystère de son souhait de négocier la libération de son fils, Karim, et des autres responsables libéraux arrêtés dans le cadre de la traque des biens dits «mal-acquis».C’est pour cette raison d’ailleurs, qu’il précise «qu’il n’est pas questions d’aller à la table des négociations sans conditions».La situation est un peu plus ambigu pour l’autre «ténor» de l’opposition, l’ancien Premier ministre et leader de «Rewmi», Idrissa Seck. Ce dernier craint que cette invite au dialogue ne soit simplement une «manipulation», voire de la «diversion» pour l’«isoler», comme le disent certains analystes.«Si c’est pour m’isoler, c’est la meilleure mesure du manque de crédibilité et de sérieux du président de la République. Si son unique objectif est de s’anéantir un corps électoral additionnel ou d’isoler un adversaire politique, il n’est pas à la hauteur de sa charge», a réagi Idrissa Seck depuis la ville sainte de Touba où il était en déplacement ce jeudi 5 mai.Toutefois, il ne ferme pas la porte à un «dialogue franc» sur les «intérêts vitaux» du Sénégal comme la Casamance ou les relations avec la Gambie. Quant aux retrouvailles de la grande famille libérale –il faut rappeler que comme Macky Sall, il fut Premier ministre de Wade, leur mentor politique tous les deux– Seck se veut moins catégorique.«Dans l’intérêt du Sénégal et pour la modernisation de la vie politique, c’est une excellente chose qu’on ait deux grandes familles politiques comme aux Etats-Unis : celle de Senghor (socialiste) et de Wade (libérale)». Mais «ça doit se faire autour de principes clairs, mais pas autour de négociations», explique Seck.Toutefois, de telles retrouvailles (entre Macky, Wade et Idy) entraineraient de profonds bouleversements dans le paysage politique sénégalais. Pas sûr que Macky Sall, qui s’appuie sur ses alliés socialistes ou socio-démocrates (Ousmane Tanor Dieng, Moustapha Niasse, Amath Dansokho, etc.), avec qui il a conquis le pouvoir, soit prêt à s’engager dans un pari aussi risqué.

Par Ibrahima Diallo (Dakar, correspondance)
Le 06/05/2016 à 16h58