Rien ne va plus entre Ousmane Tanor Dieng et Khalifa Sall. Le secrétaire général du Parti socialiste (PS) et le maire de Dakar étaient en désaccord sur plusieurs sujets. Ces désaccords ont fini par éclater au grand jour et commencent à dégénérer en guerre des chefs.Cette opposition frontale entre les deux hommes ne surprend personne. Depuis plusieurs mois, le maire de Dakar affiche publiquement son désaccord avec la quasi-totalité des décisions du parti. Ainsi, il a récemment refusé de participer au dialogue national initié par le président Macky Sall, préférant «œuvrer» pour la reconquête du pouvoir perdu en 2000, alors que le PS, membre du gouvernement, s’était prononcé pour ce dialogue.Avant cela, Khalifa avait battu campagne pour le «Non» lors du référendum constitutionnel du 20 mars. Là aussi, contre la ligne officielle du parti, qui avait appelé à voter «Oui».D’ailleurs, de graves incidents avaient émaillé la réunion du Bureau politique du PS à la veille du référendum pour dégager une ligne officielle du parti. Des jeunes surexcités avaient envahi la salle pour mettre fin à la réunion. Au PS, beaucoup y voyaient la main de Khalifa. Ousmane Tanor Dieng s’était juré de régler ce problème et de traduire les «fauteurs de trouble» devant la justice.Il vient de mettre en exécution cette menace en portant plainte contre certains «Khalifa boys», dont le propre fils du maire de Dakar, devant la Division des investigations criminelles (DIC). La convocation de ces jeunes socialistes à la police est la goutte d’eau qui a fait déborder le vase.Depuis le Québec, où il est en séjour, le maire de Dakar a vivement désapprouvé cette démarche. «Que des contentieux politiques se terminent à la police judiciaire, c’est très grave. C’est un précédent dangereux», a réagi Sall, hier, sur les ondes de la radio RFM depuis le Canada. Il dénonce une «intimidation» (de ses partisans) en vue de la prochaine réunion du Bureau politique.Assumant désormais ouvertement le bras de fer avec Tanor, Khalifa fustige la gestion du parti. «Le problème du parti, c’est un problème de cohésion et de gouvernance. Si on veut chercher un responsable je suis prêt à répondre devant la police ou la justice (…) Qu’on m’appelle et qu’on laisse ces jeunes tranquilles. Le problème est fondamentalement politique, donc, il faut le régler politiquement», dit-il.En effet, politique, le problème l’est ! Depuis le début de cette affaire, pro-Tanor et pro-Khalifa se livrent à une guerre sans merci dans les médias.La vieille garde, fidèle à Tanor, reproche à Khalifa son ambition présidentielle (non avouée) et d’être «un homme pressé», alors que les partisans de ce dernier reprochent au secrétaire général du parti d’avoir «sacrifié» les intérêts du PS à l’autel des lambris du pouvoir.La guerre des chefs a belle et bien débutée au PS.
Le 22/06/2016 à 12h58