Karim Wade: le bras de fer judiciaire se poursuit à Paris

Karim Wade, fils de l'ancien président sénégalais Abdoulaye Wade.

Karim Wade, fils de l'ancien président sénégalais Abdoulaye Wade.

Le 27/06/2016 à 11h13, mis à jour le 27/06/2016 à 11h25

Même s’il a consenti à libérer Karim Wade, l’Etat du Sénégal entend poursuivre la confiscation de ses biens. D’ailleurs, la justice française examine, ce matin, la requête du Sénégal pour confisquer les biens du fils de l'ex-président Abdoulaye Wade en France.

Karim Wade est libre, mais ses démêlés avec l’Etat du Sénégal sont loin d’être terminés. En effet, c’est ce matin que s’ouvre, à Paris, le procès entre les deux parties suite à une saisine du parquet de Paris par la CREI (Cour de répression de l’enrichissement illicite) aux fins de confisquer les biens de Wade-fils et d’Ibrahima Abou Khalil Bourgi dit Bibo, accusé d’être un «prête-nom» du premier, après leur condamnation à Dakar.Une première audience avait déjà eu lieu le 13 avril pour écouter la partie sénégalaise. Aujourd’hui, la parole est aux avocats de Karim et Bibo qui vont plaider devant le Tribunal de Grande Instance de Paris pour contester la décision de la justice sénégalaise, suite au verdict de la CREI, de saisir les biens de Karim Wade et Bourgi en France. Ces biens, estimés à 600 millions de FCFA (un peu moins d’un million d’euros), sont constitués de deux appartements et de comptes bancaires.Rappelons que cette procédure est différente de la plainte –jugée «recevable»– que les avocats de Karim Wade avaient déposée, également en France, en vertu de sa double nationalité, pour contester la détention «arbitraire» de leur client.Ce procès intervient quelques jours seulement après la libération de Karim Wade et de trois de ses co-accusés, dont Bibo Bourgi, à la faveur d’une grâce présidentielle du président Macky Sall. Une décision qui n’arrête pas de faire des vagues au Sénégal. L’opposition et une partie de la société civile accusent le pouvoir d’avoir conclu un «deal» avec Karim Wade sur le dos des Sénégalais.Du côté du pouvoir, on ne cesse de répéter, sans trop convaincre l’opinion, qu’il s’agit «simplement» d’une mesure humanitaire et que Karim Wade va payer jusqu’au dernier centime les 210 millions d’euros qu’il est accusé d’avoir détournés.Cette action judiciaire en France est peut-être un bon moyen pour le gouvernement sénégalais de prouver que la libération de Karim Wade ne signe pas l’acte de décès de la traque dite des biens mal acquis et de la lutte contre la corruption et l’impunité.Pendant ce temps, Wade-fils peut tranquillement suivre le déroulement des événements depuis sa confortable résidence privée de Doha, au Qatar, où il se trouve depuis sa sortie de prison.

Par Ibrahima Diallo (Dakar, correspondance)
Le 27/06/2016 à 11h13, mis à jour le 27/06/2016 à 11h25