Malaise, après l’abandon de l’enquête sur le «Protocole de Rebeuss»

Idrissa Seck de Rewmi.

Idrissa Seck de Rewmi.. DR

Le 22/07/2016 à 07h34

L’abandon de l’enquête sur le «Protocole de Rebeuss», ce scandale politique, judiciaire et financier qui a fait tellement couler d’encre ces dernières semaines au Sénégal, a créé un malaise, y compris au sein de la classe politique.

Après l’annonce de la suspension «jusqu’à nouvel ordre» de l’enquête qu’avait déclenchée le procureur de la République, le président Macky Sall vient de doucher un peu plus les Sénégalais qui souhaitaient être édifiés sur le fameux dossier dit du «Protocole de Rebeuss».

Réagissant à une question d’une journaliste lors du point de presse qui a suivi le Conseil des ministres délocalisé d’hier, il a, si l’on peut dire, définitivement (?) enterré ce dossier qui agite la classe politique depuis quelques semaines.

«Je viens de vous lancer un appel pour que nous engagions un débat utile pour le pays et, de mon point de vue, ce débat [sur le Protocole de Rebeuss] n'a aucun intérêt et donc je ne voudrais pas me prononcer là-dessus». A la place du débat «politicien», le président Sall veut «un vrai débat économique». «Que la presse nous aide à mettre tous les responsables sur un vrai débat économique».

Cet abandon de l’enquête aussitôt après l’auto-saisine du procureur a créé un malaise au sein de la population. Contrairement à ce que dit le président de la République, beaucoup de Sénégalais aimeraient être édifiés sur cette affaire dont, il faut le rappeler, il est question d’un supposé détournement de 74 milliards de FCFA (près de 113 millions d’euros) de fonds publics, donc de l’argent du contribuable.

Pour beaucoup d’observateurs, cette suspension «donne une mauvaise image de la justice». «Cette suspension des auditions montre que, dans notre système démocratique, la justice est le maillon faible. Cela montre qu’il n’y a pas de pouvoir judiciaire. La justice est assujettie à la politique au Sénégal», estime l’analyste politique Yoro Dia.

Même au sein de la classe politique, certains continuent de réclamer la lumière sur cette affaire pour la crédibilité du politique. «Nous, la classe politique sénégalaise, avons intérêt que la lumière soit faite parce que les scandales décrédibilisent de plus en plus la classe politique aux yeux des citoyens», explique Moussa Sarr, le porte-parole de la Ligue démocratique (LD), une formation membre de la majorité présidentielle.

Pour cela, la seule chose qui reste, c’est peut-être le jury d’honneur !

Par Ibrahima Diallo (Dakar, correspondance)
Le 22/07/2016 à 07h34