Parti socialiste: le dilemme de Khalifa Sall

Khalifa Sall du Parti socialiste sénégalais et probable candidat à la présidentielle de 2019.

Khalifa Sall du Parti socialiste sénégalais et probable candidat à la présidentielle de 2019.. DR

Le 01/08/2016 à 12h12, mis à jour le 01/08/2016 à 12h47

Pressé par ses soutiens de se déclarer candidat pour les prochaines élections présidentielles – ou tout au moins candidat à la candidature au sein de sa formation politique, le Parti socialiste (PS) – Khalifa Sall, le maire de Dakar, refuse pour le moment d’assumer son destin.

Tout était réuni, ce samedi, pour que Khalifa Sall, le maire de Dakar, en rivalité avec Ousmane Tanor Dieng à la tête du Parti socialiste (PS), déclare sa candidature pour l’élection présidentielle de 2019. Au moins, en tout cas, qu’il se déclare candidat à la candidature du PS.

En effet, après un premier report, la deuxième coordination du PS de Dakar a tenu son meeting en présence de tous les souteneurs du maire de Dakar.

Organisée par Bamba Fall, le maire de la Médina, qui vient de démissionner avec fracas du bureau politique du PS, avec comme marraine Aïssata Tall Sall, la mairesse de Podor, Barthémy Diass, le maire de Mermoz-Sacré-Cœur comme invité d’honneur, ce rassemblement «d’animation et de remobilisation», présidé par Khalifa Sall lui-même, était perçu par les deux camps rivaux du PS (celui de Khalifa vs celui de Ousmane Tanor Dieng, le secrétaire général du parti) comme un «moment de vérité». Tout au moins, pour les partisans du maire de Dakar, c’était l’occasion de peser leur force et d’investir Khalifa comme candidat en 2019.

Cependant, malgré le décor, l’ambiance était surchauffée appuyée par des slogans enflammés de ses souteneurs décrétant la «mort» de Benno Bokk Yakaar -la grande coalition au pouvoir dont le PS fait toujours parti-, ou «Khalifa candidat du PS en 2019», ce dernier ne s’est pas mouillé.

Fidèle à sa ligne politique, qui se résume jusque-là à la prudence, Sall n’a pas franchi le rubicond de la déclaration de candidature. Sans doute pour ne pas enfreindre les règles de son parti, dont il est le secrétaire chargé de la vie du parti, l’édile de Dakar se contentera de déclarations du genre : «Nous devons conserver l’héritage de Senghor» ; «nous sommes socialistes et nous ne renoncerons jamais à la requête du pouvoir» ou encore «vu notre histoire, notre vécu, notre parcours, si le PS accepte d’être un parti de souteneurs, c’est qu’il y a vraiment problème», etc.

Soucieux de préserver «l’unité» du parti – de plus en plus mise à mal par sa rivalité avec Tanor – Khalifa Sall, comme à son habitude, laisse le soin à ses lieutenants (Bamba Fall, Barthélémy Dias, Aïssata Tall Sall) de monter au front, préférant, lui, avancer masqué. Un double jeu ? Un site sénégalais a révélé, la semaine dernière, que les deux protagonistes (Khalifa Sall et Ousmane Tanor Dieng) se sont récemment rencontrés pour évoquer «toutes les questions du moment» sur lesquelles ils seraient «totalement en accord» (?)

Quoi qu’il en soit, Khalifa Sall ne pourra plus continuer à «fuir son destin» plus longtemps. «Camarade Khalifa, Dakar vous a interpellé, Dakar vous a sondé, Dakar est en train de vous secouer. Il vous appartient de répondre à Dakar», lui a lancé Aïssata Tall Sall lors du meeting de ce week-end. Il est désormais clair, comme le dit Barthélémy Dias, que «Khalifa momatoul boppam» (Khalifa ne s’appartient plus,…).

Par Ibrahima Diallo (Dakar, correspondance)
Le 01/08/2016 à 12h12, mis à jour le 01/08/2016 à 12h47