Entre le Sénégal et Israël, c’est une histoire complexe. En effet, le Sénégal préside le Comité des Nations Unies pour l’exercice des droits inaliénables du peuple palestinien depuis sa création en 1975. Parallèlement, Dakar fait partie des rares pays africains entretenant des "relations diplomatiques" avec l’Etat hébreu. Sauf que, là aussi, ça semble aller plus dans un sens que dans l’autre : Israël a ouvert une ambassade à Dakar depuis fort longtemps, mais le Sénégal refuse, jusque-là, d’en faire autant à Tel-Aviv. Une ambiguïté qui commence un peu à agacer les responsables israéliens.
«Pourquoi le Sénégal n’a pas d’ambassade en Israël ?», s’interroge Paul Hirschon, l’ambassadeur d’Israël à Dakar, dans un entretien accordé au quotidien «EnQuête» de ce matin. Son prédécesseur Eli Ben Tura s’était posé la même question.
Les diplômates israéliens aiment à rappeler que l’Etat hébreu a été le quatrième pays à avoir reconnu l’indépendance du Sénégal, après la France (colonisateur), l’Egypte et l’Allemagne.
Pour la petite histoire, on peut dire qu’en retour d’échelle, le Sénégal fait partie des rares pays africains (seulement une dizaine aujourd’hui) qui accueillent une représentation diplomatique israélienne sur leur sol –hormis la courte parenthèse de l’après Kippour, période pendant laquelle, le Sénégal, pour se solidariser de l’Egypte, avait rompu ses relations diplomatiques avec Israël– malgré les pressions de tous bords.
Dans un entretien accordé à la chaine Dubaï TV en mars dernier, le président sénégalais Macky Sall avait expliqué, à propos d’Israël, que ce sont des relations qu’il avait trouvées sur place et qu’il a maintenues. «Ce n’est pas parce que nous soutenons la Palestine que nous n’allons pas accepter une ambassade israélienne au Sénégal», avait-il expliqué.
Dans tous les cas, les ambassadeurs israéliens qui se sont succédé à Dakar ces derniers temps n’ont ménagé aucun effort pour le rapprochement entre les deux pays. Alors que ses prédécesseurs étaient très introduits au sein des confréries religieuses, qui prônent un «islam tolérant» et parlaient très bien wolof –en tout cas pour Gideon Behar, le prédécesseur de Eli Ben Tura–, Paul Hirschon, lui, insiste plus sur l’argument économique pour convaincre le pouvoir sénégalais.
«Vous manquez une opportunité (car) les hommes d’affaires israéliens ont besoin de débouchés, de faire des affaires avec le reste du monde (…) L’économie est la base nouvelle sur laquelle nous devons asseoir notre relation.
En sport (ou en politique ?), quelqu’un doit forcément perdre, alors que dans les relations économiques, chaque partie y trouve son compte», dit-il. Mais pour faire des affaires, il faut de la stabilité. Et «le seul îlot de stabilité en Afrique de l’Ouest, c’est le Sénégal».
A noter que l'Etat hébreu est ajourd'hui engagé dans une offensive diplômatique sur le continent visant à nouer des relations diplômatiques avec les pays africains. C'est dans ce cadre que s'est inscrit le récent périplee du Premier ministre israélien, Netanyahu dans plsuieurs pays d'Afrique de l'Est: Ethiopie, Kenya, Ouganda, Rwanda,etc.