Dans un entretien accordé à la Télévision futurs médias (TFM) qui sera diffusé ce lundi soir, mais dont de larges extraits ont été publiés dans l’édition du jour du quotidien «L’Observateur», Manuel Valls a abordé la question des Accords de partenariats économiques (APE) sur laquelle il a été interpellé par la société civile sénégalaise.
«La France est très sceptique et est opposée, avec les Etats-Unis d’Amérique, à des traités commerciaux déséquilibrés par rapport à ses intérêts et à ceux de l’Europe. Nous n’allons pas donc imposer à nos amis sénégalais des traités qui seraient déséquilibrés et néfastes pour l’économie et l’agriculture du pays», explique le chef du gouvernement français, relevant qu’il y a beaucoup de «fantasmes» sur ce sujet.
Cependant, il dit «comprendre» les préoccupations des petits producteurs africains. Pour rassurer ces derniers, Valls note que, de toute façon, ces accords ne rentreront pas en vigueur «avant un certain temps», parce qu’il y a des pays africains qui ne les ont pas encore ratifiés.
Valls s’est dit convaincu qu’il est possible de bâtir, entre la France, l’Union européenne et le Sénégal, des accords qui permettent à l’agriculture sénégalaise de retrouver un deuxième souffle et de la force dans tous les domaines, notamment le riz et l’arachide, «où il y a incontestablement des progrès à faire».
Défendant la présence des entreprises françaises au Sénégal, Manuel Valls reconnaît toutefois que les «vieilles méthodes de pression» ne fonctionnent plus et qu’"il n’y a (plus) de pré-carré". En revanche, «en tant que cinquième puissance économique mondiale, respectée aussi grâce à ses armées et à sa diplomatie, nous essayons de gagner des marchés, grâce à la qualité de nos produits», dit-il.
Selon le chef du gouvernement français, la France n’est pas larguée par la concurrence chinoise. «Que la France, un pays de 66 millions d’habitants, soit en concurrence avec la Chine, avec son milliard 300 millions d’habitants, prouve que nous sommes toujours présents». Ceci étant, malgré l’histoire et la Francophonie, il est désormais clair que les entreprises françaises devront accepter de compétir avec les pays émergents, admet Manuel Valls. Tant mieux puisqu’il y a «de la place pour tout le monde».