Sénégal: un comité d’orientation stratégique pour plus de transparence dans l’exploitation pétrolière

Le 30/09/2016 à 15h25

Pour clore le débat hautement inflammable qui accompagne la découverte de pétrole au Sénégal, le président Macky Sall a mis en place un Comité d’orientation stratégique du pétrole et du gaz (COSPETROGAZ). Une structure qui suscite déjà beaucoup d’espoir.

Les multiples sorties et mises au points de son gouvernement, y comprise celle du Premier ministre, n’ayant pas suffi pour éteindre la polémique autour des contrats pétroliers et du rôle de son frère, Aliou, Macky Sall vient de lancer une initiative censée désamorcer ce qu’un chroniqueur appelle le premier «choc pétrolier sénégalais».

En effet, le chef de l’Etat sénégalais a adopté, lors du Conseil des ministres du mercredi 28 septembre dernier, le projet de décret portant création et fixant les règles d’organisation et de fonction du Comité d’orientation stratégique du pétrole et du gaz (COSPETROGAZ).

Interrogé par le quotidien «L’Observateur», dans son édition du jour, sur les objectifs de cette structure, Boubacar Mbodj, le conseiller spécial du président de la République en Energie et environnement, explique que ce comité va être un dispositif clé dans le système de gouvernance du secteur des hydrocarbures, sous la tutelle du président de la République.

Il sera notamment chargé de définir les orientations stratégiques aux plans technique et institutionnel dans le secteur. Concrètement, le comité aura la charge de définir les infrastructures techniques dont le Sénégal aura besoin pour rentabiliser le secteur des hydrocarbures, le plan de financement stratégique, la formation des ressources humaines et décider comment utiliser les ressources tirées de l’exploitation du pétrole et du gaz. Bref, l’objectif de ce comité sera de tout faire pour que le pétrole «ne soit pas une malédiction», résume Boubacar Mbodj.

Toutefois, la société civile attend aussi de l’Etat qu’il apporte, à travers ce comité, «des réponses sur toutes les suspicions» qui pèsent sur Aliou Sall, le frère du président de la République ou «sur une éventuelle implication» de Macky Sall en personne. Car, selon Seydi Gassama, président de l’ONG Amnesty international Sénégal, il y a «des accusations graves qui sont formulées quotidiennement» contre Aliou Sall.

Quant à Mouhamadou Mbodji, coordonnateur du Forum civil, il estime qu’il faut étendre cette initiative à «toutes les ressources extractives» du Sénégal.

Mais les experts du secteur des hydrocarbures ont globalement bien accueilli la création de ce comité d’orientation, perçu comme un gage de transparence. «J’ai été agréablement surpris en tant qu’expert exerçant dans le secteur du pétrole depuis 22 ans. C’est une bonne nouvelle. Avec la création de ce comité, c’est le Sénégal qui gagne en transparence», explique Ibrahima Bachir Dramé, expert pétrolier, précisant que tous les Etats qui se sont inscrits sur cette ligne ont connu la «bénédiction» du pétrole.

Bref, tout le monde convient que ce comité peut répondre à beaucoup d’attentes. A condition de lui en donner les moyens.

Par Ibrahima Diallo (Dakar, correspondance)
Le 30/09/2016 à 15h25