Aliou Sall, le frère du président sénégalais, cible des attaques répétées de l’opposition et d’une partie de la société civile, pour son supposé rôle dans l’attribution d’un contrat pétrolier à la société Petro-Tim (devenue Timis Corporation), a décidé de démissionner de son poste d’administration de Timis Corporation Sénégal.
Il explique cette décision par le désir de «mettre à l’aise» son frère de président (Macky Sall). Depuis les révélations de l’opposition et de la société civile, Aliou Sall, ancien responsable du bureau économique de l’ambassade du Sénégal en Chine –c’est comme ça qu’il a rencontré Frank Timis avant de devenir son représentant au Sénégal– était devenu une sorte de «boulet» pour son frère Macky Sall. Il faut dire que cette affaire qui suintait le népotisme ne facilitait pas la tâche au président sénégalais dans sa volonté d’attirer et de rassurer les investisseurs dans le secteur pétrolier.
Même si cette démission d’Aliou Sall du poste d’administrateur de Timis Sénégal risque de ne pas suffire pour éteindre le débat hautement inflammable sur le pétrole et le gaz sénégalais, c’est incontestablement une première victoire pour l’opposition qui avait même annoncée une plainte contre lui.
Mais, pour le moment, le frangin du président sénégalais n’a rien perdu au change. Désormais, il sera en charge des projets de développement de Timis Corporation en Afrique.
Toujours des zones d’ombre
Cependant, de nombreuses zones d’ombre subsistent encore dans l’attribution d’un contrat de recherche pétrolière à l’homme d’affaires australo-roumain, Frank Timis, qui vient de porter plainte, entre autres, "pour diffamation" contre une vingtaine d’opposants sénégalais. En effet, Souleymane Ndéné Ndiaye, l’ancien Premier ministre d’Abdoulaye Wade, vient de remettre en cause le décret à la base de ce contrat et que le président Abdoulaye Wade aurait signé juste avant de quitter le pouvoir en 2012.
«On a parlé d’un décret que nous aurions signé, le président Abdoulaye Wade et moi, mais un décret qui n’est pas numéroté, encore moins publié au Journal Officiel, n’est pas un décret. Ceux qui connaissent le droit le savent très bien», a expliqué Souleymane Ndéné Ndiaye, hier, lors d’une rencontre sur le pétrole et le gaz à l’Université de Dakar. L’ancien Premier ministre d’ironiser sur la plainte de Frank Timis : «c’est facile de dire que je vais porter plainte et je prends untel et un autre comme témoins. Si on fait appel à moi, je suis prêt à dire ce que je sais pour que la vérité éclate aux yeux des Sénégalais».
Selon le pouvoir actuel, le décret d’attribution du contrat à Petro-Tim a été signé par le président Abdoulaye Wade, mais il n’avait été ni daté, ni numéroté. Et au nom de la continuité de l’Etat, après l’alternance de mars 2012, Macky Sall a pris un autre décret pour confirmer l’attribution de deux blocs de recherche à Petro-Tim.
Réserves en gaz: 25e ou 30e mondial
Si le dossier du pétrole est donc loin de livrer tous ses secrets, celui du gaz n’est pas plus transparent. Du moins en ce qui concerne l’estimation des réserves. En effet, nous relations, hier, citant Radio France Internationale (RFI), que des acteurs de la filière gaz indiquaient que des réserves de 200 TCF de gaz (plus de 5.600 milliards de m3) auraient été découvertes au large des côtes sénégalaises. Ce qui placerait le Sénégal au 7e rang mondial au niveau des réserves prouvées.
Des chiffres finalement non validés par Kosmos Energy, la junior américaine à l’origine des découvertes de gaz au Sénégal. Dans une mise au point, RFI indique, ce matin, que Kosmos évoque, à l’état actuel des choses, des réserves de 25 TCF (un peu plus de 700 milliards de m3, avec une projection optimale de 50 TCF, soit 1.400 milliards de m3). Ce qui placerait finalement le Sénégal entre le 25e et le 30e rang mondial, loin donc de cette 7e place évoquée hier. Erreur grossière dans l’analyse des données ou manipulation pour faire monter les enchères en surestimant les réserves?