Sénégal: marche de l’opposition, de la tension dans l’air

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Le 14/10/2016 à 14h12, mis à jour le 14/10/2016 à 14h15

L’opposition sénégalaise est déterminée à marcher aujourd’hui dans les rues de Dakar. Le préfet de Dakar, faute de convaincre les opposants de changer d’itinéraire, met son veto. Le risque d’une confrontation avec les forces de l’ordre est réel.

A la sortie de la rencontre, hier, avec le préfet de Dakar, l’opposition sénégalaise réunie autour de «Mankoo Wattu Senegaal» (Font pour la défense du Sénégal) a décidé de maintenir sa marche d’aujourd’hui dans les rues de la capitale. Mais pour cela, elle devra renoncer à son itinéraire initial ou prendre le risque d’une confrontation avec les forces de l’ordre.

En effet, alors que les opposants voulaient suivre l’itinéraire Place feu Doudou Ndiaye Rose, Avenues Malick Sy, Blaise Diagne, Jean Jaurès pour arriver à la Place Washington devant le ministère de l’Intérieur, le préfet de Dakar leur a opposé l’arrêté Ousmane datant du 20 juillet 2011 pour modifier le trajet des marcheurs.

Ce fameux arrêté, pris par l’ancien ministre de l’Intérieur d’Abdoulaye Wade –le même ministre qui, après avoir rallié le pouvoir actuel, a récemment allumé une vive polémique en accusant Wade d’avoir voulu priver Macky Sall de sa victoire en 2012 par une tentative de modification des résultats–, au plus fort des manifestations contre le troisième mandat, interdit toute manifestation à caractère politique, de l’Avenue Malick Sy jusqu’au Cap Manuel, le cœur de Dakar.

La convocation de cet arrêté est vue par les opposants comme une interdiction de leur marche. Même si l’autorité préfectorale a proposé un autre itinéraire aux opposants. Evidemment, ces derniers ont réfuté l’arrêté Ousmane Ngom, dénonçant «le caractère irrégulier de cet acte (d’interdiction de leur itinéraire) puisque cet arrêté-là est totalement en porte-à-faux avec les droits constitutionnels des citoyens».

«Nous ne laisserons à personne le droit encore moins le choix de limiter nos droits constitutionnels et que plus rien ne sera comme avant dans ce pays», martèle El Hadji Malick Gakou, leader du Grand parti et coordonnateur de «Mankoo Wattu Senegaal». Pour Mamadou Diop «Decroix», un autre opposant, l’arrêté Ousmane Ngom n’est qu’un «alibi». «Depuis 2012 et l’arrivée de Macky Sall au pouvoir, les manifestations sont interdites et les manifestants violentés», dénonce Mamadou Diop «Decroix», qui oublie que les manifestations de l’été 2011 contre son allié (Wade) avaient occasionné une dizaine de morts et de nombreux blessés.

En tout état de cause, l’opposition maintient sa marche d’aujourd’hui sur l’itinéraire qu’elle avait prévu, défiant l’interdiction du préfet. Le risque d’une confrontation avec les forces de l’ordre est réel.

Par Ibrahima Diallo (Dakar, correspondance)
Le 14/10/2016 à 14h12, mis à jour le 14/10/2016 à 14h15