Accusé par la justice américaine de corruption par l’intermédiaire de Cheikh Tidiane Gadio, ancien ministre sénégalais des Affaires étrangères, Chi Ping Patrice Ho, ancien fonctionnaire du gouvernement de Hong Kong, a plaidé non coupable. A la barre, ce lundi 8 janvier, il a nié avoir graissé la patte à des fonctionnaires tchadiens et ougandais pour pouvoir exploiter des blocs pétroliers au Tchad.
Cette thèse a été récemment confirmée par la compagnie chinoise CEFC Energy. Dans un communiqué, la compagnie a affirmé que le gouvernement tchadien n’avait jamais été son interlocuteur dans l’achat des blocs pétroliers en question. «CEFC Energy n’a pas d’investissement en Ouganda et elle avait acquis un investissement au Tchad auprès de l’entreprise chinoise China Petrolum Corp, sans directement traiter avec le gouvernement tchadien», peut-on lire. Cette précision infirme donc les accusations de corruption contre Cheikh Tidiane Gadio. La justice américaine accuse l’ancien chef de la diplomatie sénégalaise d'avoir joué de son influence pour pousser Idriss Deby, président du Tchad, à vendre à Chi Ping Patrice Ho certains blocs pétroliers.
A noter qu’en décembre 2017, le procureur avait affirmé avoir entamé des négociations avec les avocats de Cheikh Tidiane Gadio. Toutefois, sollicité lundi 8 janvier pour apporter quelques éclaircissements sur ces pourparlers, l’avocat de l’ancien ministre n’a pas fait de commentaires. Les interprétations vont bon train sur des «pourparlers de règlement» entre la justice américaine et les conseillers de Cheikh Tidiane Gadio.
Il convient de rappeler que Cheikh Tidiane Gadio avait été arrêté le 17 novembre dernier aux Etats-Unis. La justice américaine lui reproche d’avoir usé de la corruption pour permettre à la compagnie chinoise CEFC d’acquérir l’exploitation de blocs pétroliers tchadiens. Des accusations balayées d’un revers de main par Idriss Déby, le président tchadien. «Votre président n'a pas volé. Il n'a jamais été corrompu et il ne sera jamais corrompu», avait-il martelé à la télé en s'adressant aux Tchadiens.
Dans le milieu des affaires, Idriss Déby est connu comme un incorruptible. Dans son livre Un autre regard sur l'Afrique d'aujourd'hui, Loïc Le Floch Prigent, ancien patron d'Elf, reconnaît qu'il est l'unique président africain qui ne lui a jamais demandé de pot-de-vin. Selon lui, tout ce que Déby voulait, c'était qu'il remplisse les caisses du Trésor tchadien.
Tout ceci amène les observateurs à s'interroger sur les réelles motivations de l'exécutif américain qui ne cesse de s'en prendre à ceux qui ont pu se mettre, d'une façon ou d'une autre, en travers du chemin des entreprises américaines. Gadio n'est pas le premier à avoir aidé les entreprises chinoises à décrocher des marchés au détriment des entreprises américaines et à avoir maille à partir avec la justice de l'Oncle Sam. En effet, en août 2017, Mahmoud Thiam, ex-ministre guinéen des Mines, a été condamné à 7 ans de prison par la justice américaine qui l'accusait d'avoir reçu et blanchi des pots-de-vin de 8,5 millions de dollars, versés par China Sonagol et China International Fund pour décrocher des permis miniers en Guinée. Ceux qui font des affaires avec des entreprises chinoises sont donc prévenus, il leur faudra éviter de se rendre aux Etats-Unis.