Ayant jusqu'ici un bilan peu élogieux, mais tenant coûte que coûte à être élu pour un second mandat, Macky Sall verse en ce moment pratiquement dans la propagande.
Lundi 14 janvier dernier, il a inauguré le Train express régional (TER). Cependant cette cérémonie, organisée en grande pompe, n'a eu lieu que dans un but de communication politique, et les Sénégalais vont devoir encore attendre avant d'être les usagers réguliers de cette ligne ferroviaire.
Ce projet rejoint ainsi le lot des infrastructures qui ont été inaugurées et qui ne servent pas encore les Sénégalais. Tout comme c’est le cas de l’Arène nationale, du complexe sportif Dakar Arena et de l’autoroute Ila Touba, le TER ne sera pas non plus fonctionnel avant plusieurs mois.
D'ailleurs Macky Sall himself le reconnaît. "Nous avons franchi l’étape de la réception du projet et tout le monde est sans doute impatient de voyager à bord du TER dès demain", a-t-il avoué à demi-mot...
Et d'ajouter, en toute franchise: "mais il nous faut aussi satisfaire les standards de sécurité, de sûreté et de l’exploitation de la ligne du TER. Donc le voyage ne pourra pas débuter demain, il ne pourra se faire que lorsque le signal sera donné par la société d’exploitation du TER. Nous avons donc pris cette phase de pré-exploitation qui permettra de faire tous les tests aussi bien pour les trois trains au quai (tests dynamique, de sécurité et de sûreté) mais aussi que tous les murs (la clôture de protection des voies) soient faits et toute l’étanchéité soit assurée", a déclaré le chef de l’Etat.
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Sur les réseaux sociaux, les critiques fusent et sont nombreuses, comme cet internaute, Abdoulaye Saer Diop, qui estime qu'"un train, c'est un projet industriel, où tout marche en même temps", ajoutant que "les rails, les gares, la signalisation, l'alimentation électrique, la sécurité, tout doit être opérationnel".
Ce qui est encore loin d'être le cas, pour ce TER. Ce caprice électoraliste de Macky Sall sera à l'origine d'un surcoût certain, de l'ordre "de plusieurs dizaines de millions d'euros", selon lui.
De même, les vidéos fleurissent sur la toile montrant l'état dans les travaux et les difficultés des populations, puisque les rails sont posés sans qu'aucune passerelle, ni pont, ni passage à niveau n'aient été mis en place. Actuellement, une vile comme Rufisque est littéralement coupée en deux.
Une propagande déguisée
Comme ce fût le cas avec d’autres infrastructures qui ont également été prématurément inaugurées, on pourrait ainsi penser que Macky Sall a voulu mettre la charrue avant les bœufs.
Pour rappel, l’arène nationale, construite à Pikine, dans la banlieue de Dakar, pour abriter les combats de lutte sénégalaise, a été inaugurée le 22 juillet 2018 à l’occasion de la visite au Sénégal du Président chinois Xi Jinping. Mais six mois près cette inauguration, aucun évènement sportif n’y a jamais été organisé.
C’est aussi ce qui était arrivé avec l’autoroute Ila Touba d’un coût global de 416 milliards de FCFA, qui a officiellement été ouverte à la circulation le jeudi 20 décembre 2018.
Mais plusieurs jours après son inauguration, les automobilistes en partance pour Khombole, Bambey, Diourbel et Touba, via la région de Thiès, ne peuvent pas l'emprunter du fait de travaux non encore achevés. Les gares de péages ne sont pas prêtes et les panneaux de signalisation, pas encore entièrement installés.
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Quand au complexe sportif Dakar Arena, qui a été construit dans la ville de Diamniadio, son inauguration a eu lieu le mercredi 9 août 2018. Mais excepté l’investiture de Macky Sall comme candidat de l’Alliance pour la république (APR), son parti, aucune autre manifestation d’envergure n’y a encore été organisée.
Bref: ces quatre infrastructures ont été inaugurées dans la précipitation. On ne peut s’empêcher de se poser une question: pourquoi cet empressement de Macky Sal à vouloir à tout prix organiser leur inauguration?
Il est évident que Macky Sall, candidat à sa succession à la tête du Sénégal, est obnubilé par un second mandat. Ces inaugurations d'infrastructures non réceptionnées, ont donc lieu avant tout pour faire oublier ses dizaines de promesses non tenues.
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Son mandat n'allait pas excéder 5 ans, avait-il promis, mais le voilà qui achève un sptennat à la tête de l'Etat du Sénégal.
Il avait aussi affirmé que jamais il ne nommerait son frère Aliou Sall, mais ce dernier est aujourd'hui à la tête de la Caisse de Consignation et de gestion (CCG). Au début de son mandat, il avait parcouru toutes les régions du pays pour y ternir des Conseils de ministres décentralisés et promettre plusieurs dizaines de milliards de Fcfa d'investissements. Aucune des localités n'a vu ces sommes promises... Quant à la "gestion sobre et vertueuse" promise, elle est restée un voeu pieux...