Sénégal. Présidentielle: la majorité parlementaire s’acharne sur le candidat Ousmane Sonko

Ousmane Sonko

Ousmane Sonko. dr

Le 07/02/2019 à 14h21, mis à jour le 07/02/2019 à 14h23

A la fois député et candidat à la présidentielle, Ousmane Sonko sera bientôt convoqué par les «juges parlementaires». La conférence de présidents de l’Assemblée nationale qui regroupe des affidés du candidat Macky Sall, chercherait à freiner l’élan de ce jeune et très populaire leader.

Ousmane Sonko pourrait temporairement suspendre sa tournée électorale pour répondre à une convocation des députés de la majorité, qui sont décidés à le juger, alors que la campagne bat actuellement son plein.

Sur demande du député Djibril War, la coalition «Benno Bokk Yaakaar», proche du candidat sortant, Macky Sall, veut en effet mettre en place une commission d’enquête parlementaire sur les 94 milliards qu’aurait «détournés» Mamour Diallo, le directeur des Domaines (entité étatique gestionnaire des propriétés foncières et immobilières appartenant à l'Etat du Sénégal). 

Cette affaire avait été révélée par le député Ousmane Sonko, actuellement candidat à la présidentielle dont le premier tour se tient le 24 février prochain. Il s'agirait d'une escroquerie portant sur l'expropriation d'un terrain de 258 hectares, et dont le Trésor Public sénégalais serait victime.

En effet, ce terrain, appartenant à des héritiers, avait été acheté par le biais d'une cession de créance au profit de la société SOFICO à hauteur de 2,5 milliards de FCFA. Mais la cour d'appel l'avait invalidé, ce qui signifie que les héritiers en étaient restés légalement propriétaires. 

Malgré cette décision de justice, le directeur des Domaines a accepté de signer deux actes d'acquiescement, au profit de la société SOFICO, pour la somme mirobolante de 94,7 milliards de FCFA, soit une plus-value de 92 milliards de FCFA. Cette opération inexplicable nécessitait une clarifiation devant la justice. 

Malgré une plainte déposée par Ousmane Sonko en mai 2018 auprès du procureur, le dossier n'avait pas été transféré à la justice.

Et, pire encore, pour tenter d'entraver sa campagne électorale, la majorité présidentielle a créé cette commission parlementaire, mardi 5 février, dans le but d'essayer de brouiller les pistes. 

«Au vu des faits et au regard de leurs graves conséquences sur la crédibilité de nos institutions, il plaira à l’Assemblée nationale, conformément à l’article 48 de son règlement intérieur, de créer dans les conditions prévues par l’article 48 du Règlement intérieur, une commission d’enquête parlementaire, pour recueillir des éléments d’information sur les faits», ont indiqué les députés de Benno Bokk Yaakar.

Au sein de cette commission d'enquête, seuls deux députés sur sept seront choisis dans les groupes parlementaires "Liberté et Démocratie" et parmi les indépendants.

Cependant, rien ne garantit qu'Ousmane Sonko, le plus jeune des candidats à la présidentielle 2019, va arrêter sa campagne électorale, qui bat actuellement son plein, pour répondre à une éventuelle convocation de ses collègues parlementaires.

Il l'avait d'ailleurs fermement refusée, lors d'un meeting tenu le 6 janvier dernier à Ziguinchor. 

Par Moustapha Cissé (Dakar, correspondance)
Le 07/02/2019 à 14h21, mis à jour le 07/02/2019 à 14h23