Sénégal: le Président Macky Sall nargue encore l'opposition

Le président Macky Sall

Le président Macky Sall. dr

Le 14/10/2019 à 16h14, mis à jour le 15/10/2019 à 14h38

Tout ce qu’il fait ou dit est interprété de travers. Le président Macky Sall, qui a conscience que seule une bonne communication pourra redorer son image, a ordonné à ses alliés de travailler à la création d’une «nouvelle dynamique de communication».

Macky Sall a la fâcheuse habitude de lancer des piques à ses adversaires politiques. A chacune de ses sorties avec ses partisans, il ne se prive jamais de les dénigrer ou de les railler. Cette fois, il affirme ne plus vouloir être agressif à leur égard. C'était durant ce week-end devant les membres de la coalition au pouvoir. 

Le président sénégalais et président de la coalition Bennoo Bokk Yaakaar (BBY, majorité) appelle les membres de cette alliance regroupant le parti au pouvoir et ses alliés à s’entendre sur la communication de ses actes et de son bilan.

Macky Sall, qui a clôturé ce dimanche le séminaire de réflexion sur la communication politique de la majorité initiée par ses partisans, y est allé sans langue de bois: «J’insiste sur la nécessité pour notre coalition, la majorité présidentielle, de créer une dynamique de communication». Selon Macky Sall, avec ce séminaire, la mouvance présidentielle est armée pour «franchir une étape dans la communication».

«Nous devons réussir à imposer un paradigme dans le partage et la restitution du bilan face à nos compatriotes, nos mandants bénéficiaires des politiques publiques», a dit Macky Sall, leader de l’Alliance pour la République (APR), le parti présidentiel.

Il a invité les communicants de la majorité à rendre compte de son bilan «au quotidien avec fidélité et transparence. Il faut qu’on soit pédagogique. Il faut être simple», a souligné le président de BBY, avant de souhaiter «la multiplication» de séminaires du genre sur le Plan Sénégal émergent (PSE) notamment et la portée politique de ses projets en général.

Concernant les fakenews, le président Sall a demandé aux militants de la majorité d’insister sur ses actions pour contrer ce phénomène.

«Nous devons être offensifs et non agressifs. L’agressivité n’est pas le fort du pouvoir. Il faut être calme, serein. Nous devons être percutants et non violents. Notre riposte ne peut faire l’économie d’une bonne argumentation», a relevé le président de la coalition BBY.

Macky Sall a par ailleurs plaidé pour que l’action du gouvernement soit défendue en priorité dans les débats publics. Mais la phrase que l’opposition a voulu retenir de cette rencontre est: «Ces temps-ci, je ne veux pas être agressif», une manière selon plusieurs observateurs de la scène politique d’avouer qu’il a eu à l’être dans le passé.

Macky Sall, même s'il est dernièrement en train de décrisper le climat politique tendu avec la grâce accordée à l’ancien maire de Dakar Khalifa Sall et ses retrouvailles avec Abdoulaye Wade, est connu pour être un homme froid qui n’a pas hésité à emprisonner le fils de son maitre en politique. Reste maintenant un autre cas à régler, celui de l’opposant charismatique Ousmane Sonko, qui a récemment dénoncé une intention du pouvoir de le mettre en prison. Les jours à venir nous édifieront.

Par Moustapha Cissé (Dakar, correspondance)
Le 14/10/2019 à 16h14, mis à jour le 15/10/2019 à 14h38